Un système économique en crise
La pérennité du système économique dominant est en jeu. Les ressources naturelles, en déplétion, ne sont pas intégrées dans les comptes, tandis que le travail et le capital restent les principales composantes comptabilisées. Le capitalisme mondialisé, motivé par la maximisation des profits, n’intègre pas (ou pas assez) les limites. Par exemple les limites humaines liées à la sur activité ou au stress sont négligées. Les salaires sont contraints dans de nombreuses entreprises.
La croissance économique reste au cœur de la doxa. Les discours politiques (quel que soit le bord), et les déclarations des chefs d’entreprises, sont tous ancrés dans une logique de croissance perpétuelle. Cette obsession de la croissance est incompatible avec les limites planétaires et le stock limité de ressources naturelles.
Transition énergétique ?
La transition énergétique ou écologique est un élément de discours. Pendant les 30 dernières années, elle ne se sont pas traduites dans les faits . Le terme "green hushing" a récemment émergé, et conduit nombre d’entreprises à cacher leurs efforts écologiques … mieux que le greenwashing !
L'Affaire du Siècle
« L’Affaire du Siècle" est un recours juridique lancé par des ONG en 2019. En 2021, l’État français a été condamné pour inaction climatique par le tribunal administratif de Paris. Il indiquait que la France ne respectait pas ses engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’État n'a pas payé les amendes auxquelles il a été condamné. Cela semble indiquer un déni de la crise climatique en cours.
Le nucléaire : une fuite en avant
La France a choisi de relancer la construction de centrales nucléaires EPR (European Pressurized Reactor). Flamanville 3 (1 650 MW), dont la mise en service est prévue durant l’été 2024 (après de nombreux reports), a vu son coût multiplié par six, et la durée du chantier par quatre.
Pourtant, le président Emmanuel Macron a annoncé en février 2022, la construction de six nouveaux réacteurs EPR 2, avec une option pour huit autres. Le premier réacteur devrait voir sa construction débuter en 2028 et sera mis en service au début des années 2030.
A cela s’ajouteront des centrales nucléaires (SMR - Small Modular Reactors - réacteurs modulaires de petite taille, 170 MW par réacteur), voir le projet Nuward porté par EDF, en collaboration avec d'autres partenaires. Le premier prototype devrait fonctionner après 2030.
Cette stratégie ne résout en rien la demande croissante en énergie pendant les prochaines années. Et signale une fuite en avant. Cela repose les questions sur la sécurité de cette source d’énergie, et les problèmes de gestion des déchets nucléaires.
La croissance économique : une impasse
Le diktat de la croissance économique nous conduit dans une impasse, celle de la destruction de notre milieu de vie. Le maintien artificiel de cette croissance économique est rendu possible par la création monétaire, et l’accroissement des dettes souveraines. Et ne fait que repousser l’échéance d’une crise systémique majeure. L'argent motive une partie de nos actions et cela a un effet destructeur sur la Nature.
Le lien entre notre modèle économique (basé sur la croissance et la prédation des ressources naturelles) et la destruction environnementale est évident. Le déni de l’urgence écologique nous éloigne des solutions systémiques nécessaires. Serons-nous capables de repenser nos systèmes économiques et énergétiques en intégrant pleinement les limites écologiques ?
La possibilité d’une restauration globale
Une transition énergétique efficace pourrait développer massivement les énergies renouvelables (solaire, éolien et hydroélectricité), et améliorer l'efficacité énergétique (bâtiments, industrie et transports). La réduction de la consommation d’énergie serait également nécessaire.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre passerait par la mise en place de taxes carbone, de quotas, et de la décarbonation de l'industrie. L'économie deviendrait circulaire (réduction des déchets et conception durable). De nouveaux indicateurs de progrès seraient utilisés, comme l'Indice de Développement Humain.
Les institutions devraient imposer des réglementations environnementales strictes. Des normes internationales permettraient de mettre les pays à égalité. Les financements seraient réorientés vers des investissements vertueux. La sensibilisation et l'éducation encourageraient un changement de comportement, en favorisant une consommation responsable et une alimentation saine. La régénération des écosystèmes supposerait la restauration de la biodiversité, la reforestation, et une bonne gestion des ressources naturelles , en particulier l'eau et le sol.
Tenir compte des besoins des générations futures conduirait à une transformation coordonnée des systèmes énergétiques, économiques et sociaux. La prise en compte des interdépendances entre les différents secteurs et des impacts de nos choix à long terme pourraient enclencher la Grande Transition.