En explorant plus en détails les patterns élémentaires, on s’aperçoit qu’ils sont transitionnels, on peut passer de l’un à l’autre. Si le passage d’un pattern à un autre est aisé par l'imagination, ils ne sont donc pas isolés et indépendants, mais reliés et interdépendants ?  La transition ne peut se concevoir qu'avec la dimension du temps. En explorant les liens que les patterns ont entre eux, on arrive à la notion d’unité géométrique, même si le réel est infini dans ses variations. Et c’est justement là qu’intervient la notion de pattern temporel, car il exprime les variations de forme.

Puisqu’ils composent la totalité des manifestations naturelles, les patterns proposent symboliquement une unification de l’espace. La quatrième dimension, le temps, explique la variation des formes, la composition des motifs et exprime l’infinie diversité et complexité de la manifestation du vivant, sous toutes ses formes, à toutes les échelles.

Partons des cernes de l’arbre pour illustrer cela. Le motif circulaire se constitue saison après saison. Les cernes suivent tous un motif circulaire mais sont tous différentiés, car les abres enregistrent le vent, les sécheresses, les épisodes de feu, l’abondance d’eau ; et traduisent cela dans les variations des cernes. Les événements temporels environnants de l’arbre s’impriment dans la structure du motif, qui lui même s’exprime au fil du temps.

Un exemple des variations infinies d ‘un même motif sont les empreintes digitales, toutes différentes, pourtant formées de deux motifs élémentaires (spirale est lobe). Les flocons de neige sont également tous différents, et sont tous semblables car construits sur une géométrie unique ( autour d'une étoile inscrite dans un hexagone).

Le temps peut être pensé comme un milieu indéfini et homogène dans lequel se situent les êtres et les choses, où se déroule la succession des évènements et des phénomènes. Il se caractérise par sa double nature, à la fois continuité et succession.  Nous avons une conception du temps essentiellement linéaire, a coté de laquelle co-existe une perception cyclique du temps. Dans la perception cyclique, des séquences de temps se répètent. Le temps permet de percevoir les changements, les mouvements, au sens de la représentation dans la conscience.

Le rythme est une dimension importante des patterns temporels. Le rythme, dans la dimension sonore, représente la répartition des sons dans le temps. C’est aussi le retour d’un phénomène à intervalles réguliers. Par exemple le rythme des vagues, le rythme respiratoire, le rythme cardiaque. Le rythme de vie d’un végétal, la phase de germination, de croissance, de floraison, de fructification, de repos végétatif sont autant de périodes distinctes qui peuvent alimenter l’observation du cycle d’un végétal.

La phénologie étudie l’influence des climats sur les phénomènes périodiques de la vie végétale et animale. Le temps qu’il fait (températures minimales et maximales, éphéméride, précipitations, force du vent, pression atmosphérique) alimente les observations phénologiques, qui à leur tour peuvent révéler des patterns climatiques. Ces observations sont intéressantes pour comprendre les effets du changement climatique sur un site.

Cette perspective de rythme, du temps cyclique est également intéressante dans la détermination des activités, notamment celles qui concernent la maintenance, ou même l’évolution du design des systèmes permacoles. Le cycle des saisons détermine la séquence des travaux agricoles, par exemple la rotation des pâturages, des cultures, des successions.

Le mouvement se caractérise par des changements d’emplacements. La vitesse caractérise le mouvement, puisque qu’elle s’exprime en distance par unité de temps. C’est un changement dans l’espace à différents intervalles de temps.
Quelles ont les échelles de temps des grands cycles naturels ?

De plusieurs milliards d’années pour l’évolution de l’univers dans sa structure. La révolution de notre soleil autour du centre de la galaxie (la voie lactée) correspond à un cycle de 250 millions d’années environ et s’appelle une année galactique. Nous faisons le tour du soleil en une année. Notre planète fait un tour sur elle même en un jour. Notre coeur bat environ toutes les secondes et si on descend dans les échelles, les oscillations moléculaires devienent imperceptibles. La note La correspond à une vibration qui oscille 440 fois par seconde.

Prenons de la hauteur : nous sommes dans l’illusion de la stabilité : à l’équateur on se déplace à 1 700 km/h par l’effet de la rotation de la Terre, à  plus de 100 000 km/h dans notre course autour du soleil ou encore à 200 km/s si on considère la vitesse de notre déplacement autour du centre de la galaxie. Confucius avait raison, la seule constante c’est le changement !