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155 - LA POPULATION MONDIALE FRANCHIT LE SEUIL DES 7 MILLIARDS

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Publication du Earth Policy Institute
Indicateur Eco-Economie
12 octobre 2011

 

LA POPULATION MONDIALE FRANCHIT LE SEUIL DES 7 MILLIARDS

 

texte original:
http://www.earth-policy.org/indicators/C40/population_2011

Brigid Fitzgerald Reading, traduite par Marc Zischka, Frédéric Jouffroy, et Pierre-Yves Longaretti

 

La population mondiale devrait atteindre 7 milliards d’individus d’ici la fin octobre 2011. Le taux global de croissance démographique continue à ralentir, depuis son maximum de plus de 2% en 1968. Il sera de 1,1% pour cette année, synonyme d’une augmentation de la population mondiale de près de 78 millions de personnes en 2011.

La population mondiale n’a pas franchi la barre du milliard d’habitants avant le début du XIXe siècle, et il a fallu plus d’une centaine d’années pour atteindre les 2 milliards. Les incréments de 1 milliard se sont ensuite succédés à un rythme de plus en plus accéléré : 33 ans pour le troisième milliard, 14 pour le quatrième, 13 pour le cinquième, enfin 12 ans pour les sixième et septième. Les personnes nées en 1940 ont vu le triplement de la population d’humaine. Selon la projection la plus fréquemment citée des Nations Unies, la population mondiale devrait atteindre 8 milliards en 2025 et 10 milliards avant la fin de ce siècle.

Démographie, graphe population mondiale

La démographie s’étant largement stabilisée dans les pays industrialisés, la croissance démographique concerne essentiellement les pays en développement. Sur les 2,3 milliards d’habitants supplémentaires attendus d’ici 2050, plus d’un milliard vivront en Afrique subsaharienne, et près de 630 millions dans le sous-continent indien.

Démographie : population mondiale

Les variations du taux de croissance démographiques sont principalement dues aux variations du taux de fécondité. Celui-ci a chuté de près de 5 enfants par femme en 1950 à 2,5 enfants par femme aujourd’hui. Plus de 40 pour cent de la population mondiale vit dans des pays où le taux de fécondité se situe en dessous du seuil de renouvellement. Mais la fécondité varie considérablement selon les pays. Au Niger, les femmes ont en moyenne plus de 7 enfants, aux Etats-Unis, la moyenne est proche de 2, et au Japon, elle est inférieure à 1,5.

Les faits montrent que de nombreuses femmes dans les pays pauvres, à forte croissance démographique, auraient moins d’enfants si elles avaient les moyens et la liberté de planifier le nombre et le calendrier de leurs grossesses. On évalue à 215 millions le nombre de femmes dans les pays en développement qui n’ont pas accès au planning familial. Près de 40 pour cent des grossesses dans le monde ne sont pas désirées. Une étude du Futures Group (http://www.mendeley.com/research/world-population-prospects-unmet-need-family-planning/) et des calculs (http://www.thesolutionsjournal.com/node/919) effectués par Robert Engelman, un expert en démographie, indiquent que si toutes les femmes pouvaient contrôler leurs grossesses, la fécondité mondiale chuterait au niveau voire en dessous du seuil de renouvellement, ce qui réduirait fortement la croissance démographique.

Les programmes de planning familial volontaires ont montré leur efficacité pour faire baisser le taux de fécondité. Au Mexique, par exemple, un programme de planning familial national démarré au milieu des années 1970 avec le soutien des Etats-Unis et des Nations Unies a contribué à faire progresser l’utilisation des moyens contraceptifs, adoptés aujourd’hui par les 2/3 des femmes contre moins d’1/4 auparavant. La fécondité a chuté, passant d’environ 7 à 2,2 naissances par femme.

Partout dans le monde, les femmes les plus instruites ont tendance à avoir moins d’enfants, par ailleurs en meilleure santé. Au Mali, par exemple, les femmes qui n’ont pas été scolarisées ont des familles de sept enfants en moyenne, alors que celles ayant fréquenté le secondaire en ont moins de quatre. L’accès à l’éducation reste fermé à beaucoup de femmes à travers le monde.

En 1994 s’est tenue au Caire, en Egypte, une Conférence Internationale sur la Population et le Développement ; les délégués de 179 pays ont reconnu les soins de santé reproductive et les services de planning familial au nombre des droits humains fondamentaux. Les pays participants se sont fixés pour objectif la généralisation de l’accès libre à ces services d’ici 2015, s’engageant à investir 17 milliards de dollars par an jusqu’en l’an 2000, puis 22 milliards de dollars par an d’ici 2015. Cependant jusqu’à présent, les engagements financiers sont restés très en deçà des promesses, et il manque chaque année près de 20 milliards de dollars par an. Cette somme permettrait de prévenir 53 millions de grossesses non désirées chaque année, d’améliorer la santé des enfants et de leurs mères, et de réduire les coûts des soins associés.

L’accès aux soins de santé périnataux apporte des avantages considérables aux individus, aux familles, et à l’ensemble de la société. La liberté de choix et de contrôle des grossesses fait qu’une jeune femme a plus de chance de ne pas interrompre ses études pour cause de maternité précoce. L’instruction des femmes et le planning familial constituent un facteur de réduction de risques de maladie des mères et de leurs jeunes enfants, et augmentent leurs capacités à améliorer leurs conditions de vie. La réduction de la taille des familles aide globalement les femmes à sortir de la pauvreté.

Lorsque la fécondité diminue rapidement, le nombre de jeunes à charge baisse par rapport à la population active et les pays peuvent bénéficier du « bonus démographique » : les gouvernements peuvent dégager des marges budgétaires pour augmenter les dépenses publiques par personne et pour investir plus largement dans le développement économique du pays, alors que le budget des familles consacré à l’éducation des enfants augmente lui aussi par enfant. Ce “bonus” peut relancer l’économie d’une nation. Il a par exemple contribué au développement économique rapide de plusieurs pays asiatiques, dont la Corée du Sud et Taiwan, dans les années 1970 et 1980.

Certains pays industrialisés s’inquiètent du vieillissement de leur population. Le Japon, par exemple, a presque doublé la proportion de personnes de plus de 65 ans au cours des 20 dernières années. Dans les pays industrialisés, la tranche des personnes âgées de 65 ans et plus devrait passer de 16 à 26 pour cent d’ici 2050. En revanche, la proportion de jeunes dans la population reste un défi pour de nombreux pays en développement, où près de 40 pour cent de la population a moins de 20 ans. Dans ces pays les perspectives d’emploi des jeunes sont faibles, et les troubles sociaux beaucoup plus importants.

Du fait de la croissance de la population mondiale, la quantité de terre et d’eau disponible par personne diminue. Les plus pauvres, qui souvent dépendent plus directement des ressources naturelles et sont les moins bien armés dans cette lutte pour des ressources déclinantes, en subissent le plus les conséquences. Dans le même temps, les populations en croissance rapide mettent sous contrainte leur propre environnement local. Au Yémen, la population a été multipliée par quatre au cours des 40 dernières années alors même que le pompage excessif des nappes phréatiques contribuait à la réduction d’un tiers de la récolte de céréales du pays. Au Pakistan, les pressions exercées par une population importante et en croissance rapide ont contribué à une déforestation et une dégradation des sols à large échelle, accentuant encore les effets destructeurs des inondations historiques de ces deux dernières années.

Les prévisions démographiques des Nations Unies n’intègrent pas comme limites à la croissance les problèmes environnementaux que nous générons, comme les pénuries d’eau et le changement climatique. Notre capacité à sauvegarder la civilisation humaine dépend non seulement de l’ampleur de la population, mais aussi de la vitesse à laquelle nous consommons les ressources de la Terre et créons des rejets. Au niveau mondial, nous avons déjà dépassé de loin les capacités de la Terre à assurer notre subsistance, même si environ 1,4 milliard de personnes vivent dans une extrême pauvreté.

La population mondiale pourrait croître de 2 milliards d’individus d’ici 2050, dont beaucoup naîtront dans des pays déjà largement en proie à la faim, à la pauvreté et à la dégradation de l’environnement. Il est impossible d’assurer le bien être des populations humaines à l’échelle mondiale sans au préalable éliminer la pauvreté, promouvoir une économie qui respecte les capacités de l’environnement, et sans donner à chacun un accès aux soins, à l’instruction, et aux méthodes de contrôle des naissances. L’alternative est simple : soit nous stabilisons nous-mêmes la population mondiale, soit la destruction en cours des écosystèmes nous l’imposera de fait d’une façon bien plus brutale sur le plan humain.

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Le dernier livre de Lester Brown, World on the Edge, est disponible en français et en librairie sous le titre de Basculement depuis le 6 octobre 2011.

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