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154 - BAISSE DE LA CONSOMMATION D’ESSENCE AUX ETATS-UNIS : LE PIPELINE KEYSTONE XL N’EST PLUS NÉCESSAIRE

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Publication du Earth Policy Institute
Mise à jour du Plan B
6 octobre 2011

 

BAISSE DE LA CONSOMMATION D’ESSENCE AUX ETATS-UNIS : LE PIPELINE KEYSTONE XL N’EST PLUS NÉCESSAIRE

 

texte original:
http://www.earth-policy.org/plan_b_updates/2011/update100

Lester R. Brown, traduit par Frédéric Jouffroy, Franck Gressier et Pierre-Yves Longaretti

Dans le débat en cours relatif à la construction d’un pipeline de 2750 km pour transporter le pétrole brut issu des sables bitumineux du Canada jusqu’aux raffineries du Texas, les inévitables fuites de pétrole et émissions de carbone qu’il entraînera focalisent l’attention. Mais la vraie question est plus fondamentale : avons-nous vraiment besoin de ce pétrole ?

Les Etats-Unis consomment actuellement plus d’essence que l’ensemble des 16 pays suivants dans le classement. Oui, vous avez bien lu. Parmi ces pays on compte la Chine, le Japon, la Russie, l’Allemagne et le Brésil. ( Voir les données ).

Cet utilisation débridée de ce carburant appartiendra cependant bientôt au passé : non seulement le niveau de richesse individuel et collectif baisse dans le pays, mais le mode de vie centré sur l’automobile, considéré comme un droit imprescriptible des américains, est aussi en recul. La consommation d’essence a baissé de 5 pour cent en quatre ans aux Etats-Unis.

consommation essence USA

Quatre évolutions majeures vont contribuer à réduire encore cette consommation : la réduction du parc automobile, la baisse du nombre de kilomètres parcourus par véhicule, les spectaculaires gains à venir en matière de rendement des nouveaux véhicules, et le passage de l’essence à l’électricité comme source d’énergie pour les automobiles.

Le parc automobile américain a semble-t-il atteint son maximum en 2008 avec 250 millions de véhicules. Entre 1994 et 2007, les ventes de voitures neuves étaient de l’ordre de 15 à 17 millions par an. Elles sont depuis tombées entre 10 et 13 millions par an, et ont peu de chance d’atteindre à nouveau les 14 millions. Les mises à la casse dépasseront vraisemblablement les ventes de voitures neuves tout au long de cette décennie.

La baisse initiée en 2008, qui a fait tomber le parc à 248 millions en 2010, va probablement se poursuivre. Les ventes de voitures neuves n’atteignent pas les chiffres des années précédentes, en partie à cause des mauvaises perspectives économiques, mais aussi du fait de l’urbanisation continue. 82 pour cent des américains vivent aujourd’hui dans des zones urbaines où les voitures jouent un rôle moins important.

Au delà de l’urbanisation, nous assistons également à une évolution des modes de socialisation chez les jeunes. Il y 50 ans l’obtention d’un permis de conduire et d’un véhicule (voiture, camionnette, ou même camion agricole) était pour les adolescents des communautés rurales un rite de passage, tout le monde le faisait.

Pour les adolescents d’aujourd’hui, dont la plupart ont grandi en milieu urbain, la socialisation se fait beaucoup plus via les smartphones et Internet. Pour beaucoup d’entre eux, avoir une voiture présente peu d’intérêt. Le nombre de jeunes de moins de 20 ans en possession du permis de conduire (futurs propriétaires d’automobiles) a chuté de son maximum de 12 millions en 1978 à 10 millions aujourd’hui.

Les villes sont aussi en train d’être repensées en fonction de leurs habitants, et pas seulement en terme de trafic. Notamment, elles s’adaptent aux piétons et aux cyclistes et favorisent l’accès facile aux transports en commun. Beaucoup de villes construisent des infrastructures pour la bicyclette : pistes cyclables dédiées ou passages matérialisés sur la chaussée ainsi que des parcs de stationnements pour vélos. Des programmes de vélo en libre service font aussi leur apparition. À Washington, DC, le programme Capital BikeShare qui a débuté en 2010 a été étendu à 116 stations pour un total de 1100 vélos. Dès le départ, quelque 16 000 cyclistes se sont abonnés à l’année au programme. Denver et Chicago ont mis en place des programmes similaires. New York est sur le point de lancer un vaste programme du même type.

La deuxième raison qui explique la baisse de la consommation d’essence est le raccourcissement des distances parcourues en voiture, lié en particulier aux difficultés économiques et au prix élevé du carburant. Avec une essence à près de 1 $ le litre, les gens réfléchissent à deux fois avant de sauter dans leur voiture et utiliser quelques litres d’essence pour aller chercher deux litres de lait.

Une troisième tendance à la baisse est l’efficacité croissante du parc automobile américain. Les voitures neuves vendues en 2008 consommaient en moyenne 8,7 l/100 km. Mais début de 2009, le président Obama a imposé une norme plus sévère sur le rendement moyen des moteurs, de sorte qu’en 2016 la consommation moyenne des véhicules vendus sera de 6,5 l/100 km. Les normes supplémentaires annoncées en 2011 indiquent que les nouvelles voitures vendues en 2025 auront plus que divisé par deux leur consommation d’essence par rapport aux modèles de 2008.

Mais c’est le passage aux véhicules électriques, y compris les hybrides rechargeables et les voitures entièrement électriques qui va se traduire par une véritable transition en terme d’économie d’essence. General Motors a récemment présenté la Chevrolet Volt, conçue pour fonctionner en grande partie à l’électricité, et Nissan a annoncé le lancement de la Leaf, un véhicule tout électrique. Par ailleurs, Toyota accepte des commandes pour la version rechargeable de sa Prius hybride, la référence actuelle en matière d’efficacité énergétique. Il faut ensuite s’attendre à une arrivée régulière sur le marché de nouveaux modèles de voitures hybrides rechargeables et entièrement électriques.

Bien que ces véhicules électriques soient généralement plus chers à l’achat, le coût d’utilisation est remarquablement bas. Une analyse du professeur Michael McElroy de l’Université de Harvard indique que faire fonctionner une voiture à l’électricité éolienne pourrait coûter moins de l’équivalent de 15 centimes d’euro par litre d’essence.

Avec un parc automobile en contraction, moins de kilomètres parcourus, une consommation de carburant des voitures neuves réduite de moitié d’ici 2025, et l’électricité qui commence à remplacer l’essence comme source d’énergie dans les transports, pourquoi devrions-nous construire un oléoduc pour acheminer du pétrole brut provenant des sables bitumineux du Canada vers les raffineries du Texas ? Nous n’en avons pas besoin.

 

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Le dernier livre de Lester Brown, World on the Edge, est disponible en français et en librairie sous le titre de Basculement depuis le 6 octobre 2011.

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