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173 - LA CHINE CONSOMME DÉSORMAIS DEUX FOIS PLUS DE VIANDE QUE LES ÉTATS-UNIS

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Publication du Earth Policy Institute
Mise à jour du Plan B
24 avril 2012

 

LA CHINE CONSOMME DÉSORMAIS DEUX FOIS PLUS DE VIANDE QUE LES ÉTATS-UNIS

 

texte original : http://www.earth-policy.org/plan_b_updates/2012/update102

Janet Larsen, traduite par Franck Gressier, Frédéric Jouffroy et Marc Zischka

Plus d'un quart de la viande produite dans le monde est désormais consommée en Chine, et l’appétit de ses 1,35 milliards d'habitants est insatiable. En 1978, la consommation de viande de la Chine, avec 8 millions de tonnes, représentait un tiers de celle de 24 millions de tonnes des Etats-Unis. Cependant, en 1992, la Chine dépassait les Etats-Unis en tant que premier pays consommateur et n'a pas depuis ralenti sa croissance. La consommation annuelle chinoise de viande est aujourd’hui de 71 millions de tonnes, soit plus du double de celle des États-Unis. Ces tendances de consommation, à la baisse au Etats-Unis, et à la hausse en Chine, influencent fortement le paysage agricole de la planète.

Consommation de viande en Chine et aux USA


Le porc est une viande de choix en Chine, où il représente presque les trois quarts de la consommation de viande. Un porc sur deux dans le monde (soit 476 millions de têtes) est élevé en Chine. Cette viande est tellement au cœur de l'alimentation chinoise que, pour lutter contre les hausses de prix, le gouvernement en 2007, a créé une (relativement petite) réserve stratégique de viande de porc, au même titre que celles plus habituelles de céréales et de pétrole. Beaucoup de banquets chinois font honneur à la poitrine de porc braisée au caramel, supposée être le plat préféré du président Mao. Avec une consommation qui devrait atteindre 52 millions de tonnes en 2012, la Chine surpasse les États-Unis et leurs 8 millions de tonnes, qui préfèrent le poulet et le bœuf. (Voir les données )

La consommation par personne des chinois est passée devant celle des américains en 1997, avec la montée en régime de la Chine. La consommation a chuté en moyenne de 2 pour cent par an aux Etats-Unis au cours des cinq dernières années, pendant qu’elle augmentait de plus de 3 pour cent par an en Chine en dépit des hausses de prix. Les Chinois consomment aujourd’hui en moyenne 38 kg de porc par personne et par an, contre 27 kg aux Etats-Unis.

En Chine, l’élevage des porcs se faisait traditionnellement au niveau familial avec un nombre réduit d'animaux, nourris de déchets des cultures et de restes alimentaires. Tout comme les cuisines américaines ont leur poubelle, les cuisines chinoises avaient leur cochon. D'ailleurs, le caractère Mandarin chinois signifiant “maison” représente un cochon sous un toit, ce qui montre bien et de longue date l'importance nationale de l'animal. Mais aujourd’hui les demandes en forte croissance d'une société plus riche et de plus en plus urbanisée ont vu baisser le nombre de porcs élevés dans des arrière-cours, au profit d’exploitations spécialisées où ils sont nourris de céréales et de soja.

La production de volaille en Chine, pratiquement inexistante avant 1978, est également de plus en plus industrialisée. Alors qu’aux Etats-Unis l’élevage de poulets a rapidement pris son essor après la Seconde Guerre mondiale, il n’a démarré en Chine que près de 20 ans plus tard, mais avec une croissance deux fois plus forte. La consommation chinoise de poulet devrait ainsi franchir les 13 millions de tonnes en 2012, et va pour la première fois dépasser celle des Etats-Unis. Les Américains consomment toutefois toujours quatre fois plus de poulet par personne en moyenne.

On consomme 6 millions de tonnes de viande bovine en Chine et 11 millions de tonnes des États-Unis. Les américains, avec leurs steaks et hamburgers, consomment chacun près de 36 kg de bœuf par an, soit près de neuf fois plus que les chinois. La production de bœuf en Chine n'a pas décollé aussi vite que celle des autres viandes, par son coût plus élevé et du fait du manque de pâturages.

L'autre raison majeure pour laquelle le bœuf n'a pas autant de succès en Chine est que la production d’un kilo de viande bovine en parc d'engraissement engloutit près de 7 kilos de céréales. Ce ratio est à comparer à ceux du porc et de la volaille, qui sont respectivement de 3 pour 1 et 2 pour 1. Ne disposant que de ressources en terre et en eau limitées pour nourrir un cinquième de la population mondiale, la Chine a dû mettre en œuvre à grande échelle les formes les plus efficaces de production de protéines animales. Ceci a conduit à une énorme production de poisson d’élevage (37 millions de tonnes), représentant plus de 60 pour cent du total mondial. A titre de comparaison, la production de l'aquaculture américaine est de moins d'un demi million de tonnes. L’élevage de poissons dans des étangs, en en particulier celle d’espèces herbivores comme la carpe, très répandu en Chine, est encore plus efficace que celle des volailles.

Même si le riz est un ingrédient essentiel d'un grand nombre de plats chinois, la céréale la plus cultivée en Chine est en fait le maïs avec une production de 192 millions de tonnes en 2011. Cette domination du maïs d'explique par le fait qu'il constitue la majorité des rations alimentaires du bétail, de la volaille et du poisson. La production de riz (140 millions de tonnes), venant en grande partie du sud du pays, et une grande partie de la production de blé (118 millions de tonnes) venant elle du Nord, est consommée directement par les personnes, ou cuites en nouilles, brioches, boulettes de pâte, et autres aliments.

Au total, en 2011, la Chine a produit plus de céréales qu'aucun pays dans l'histoire. Un bon tiers de cette récolte est destiné à nourrir les animaux pour satisfaire la demande croissante de viande, de lait, d'œufs et de poissons d'élevage. Depuis les réformes de sa politique agricole en 1978, la consommation de céréales fourragères en Chine a été presque multipliée par 10, et le pays en est devenu en 2010 le 1er consommateur au monde devant les Etats-Unis.

Le soja constitue l’autre composant habituel des rations alimentaires animales. En 2008, la Chine est passée devant les États-Unis pour cette consommation, mais n’a pas pu le faire sans l'aide du monde extérieur. En 1995, la Chine était autosuffisante en soja avec une production de 14 millions de tonnes. En 2011, sa production était restée à ce niveau, mais elle en consommait désormais 70 millions de tonnes.

Aujourd’hui, plus de 60 pour cent des exportations mondiales de soja, provenant en majorité des États-Unis, du Brésil et de l'Argentine, sont à destination de la Chine. L'incroyable appétit en viande de la Chine a modifié les paysages de l'hémisphère occidental où les surfaces plantée en soja dépassent désormais celles en blé ou en maïs. Les forêts primaires et les savanes ont été défrichées pour faire place à une vaste monoculture du soja.

Le gouvernement chinois a dû se tourner vers l'étranger pour répondre à sa demande croissante en soja, en raison de sa politique d'autosuffisance en céréales. Lors de l’envolée des prix mondiaux des céréales en 2007-08, de nombreuses personnes ont pointé la Chine du doigt, arguant que la croissance de sa consommation de viande avait créé une demande suffisante pour provoquer cette flambée. Mais la Chine étant presque entièrement autosuffisante en céréales, d' autres coupables ont du être trouvés. Le principal identifié s'est avéré être l'industrie de l'éthanol aux États-Unis, qui absorbe aujourd'hui 30 pour cent de la production de céréales du pays.

Depuis lors, la Chine a cependant du commencer à se tourner vers le marché mondial des céréales, et en a importé 7 millions de tonnes en 2011. Si la consommation de viande chinoise continue à augmenter rapidement, la croissance correspondante de ses importations alimentaires va entraîner celles des prix sur les marchés internationaux. Le US Grains Council a déjà indiqué que la Chine pourrait bientôt supplanter le Japon comme premier importateur mondial de maïs.

La consommation de viande par personne en Chine représente désormais la moitié de celle aux États-Unis. Si la Chine devait atteindre les mêmes niveaux de consommation individuelle de viande que les Etats-Unis, sa consommation globale représenterait plus des trois quarts de la production mondiale de bœuf actuelle, et 80 % de celle des poulets ; et la Chine n'est pas le seul pays dont les habitants souhaitent une alimentation plus carnée. Alors même que des milliards de personnes dans la partie du monde en développement aspirent à manger plus de viande (qu’ils mangent aujourd’hui en quantité limitée), les américains commencent à réduire leur consommation. La consommation totale de viande des États-Unis a ainsi chuté de 6 pour cent entre 2007 et 2012. En fin de compte, pouvoir nourrir une population mondiale toujours croissante de plus de 7 milliards va demander de trouver un juste milieu.

Janet Larsen est directeur de recherche du Earth Policy Institute.

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