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135 - ”QUE PERSONNE NE DISE QUE CELA NE PEUT PAS ETRE FAIT”

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Publication du Earth Policy Institute
World on the Edge
Extrait de livre
19 avril 2011

”QUE PERSONNE NE DISE
QUE CELA NE PEUT PAS ETRE FAIT”

 

texte original:
http://www.earth-policy.org/book_bytes/2011/wotech13_ss5

Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka et Frédéric Jouffroy

Pour ce XXIe siècle, nous avons besoin d’une économie qui respecte la Terre et ses écosystèmes, et ne les détruisent pas. L’économie du jetable, basée sur les combustibles fossiles et centrée sur l’automobile qui s’est développée dans les sociétés industrielles occidentales, n’est plus un modèle viable, ni pour les pays qui l’ont façonnée, ni pour ceux qui les imitent. En bref, nous devons construire une nouvelle économie, basée sur des sources d’énergie sans carbone (éolienne, solaire, géothermique) disposant d’un système de transport diversifié, et qui réutilise et recycle tout. Nous pouvons changer de direction et nous placer sur la voie d’un progrès soutenable, mais il faudra une énorme mobilisation, à une vitesse de temps de guerre.

Chaque fois que je commence à me sentir dépassé par l’ampleur et l’urgence des changements à accomplir, je relis l’histoire économique de l’implication américaine dans la Seconde Guerre mondiale car elle reste une référence inspirante en terme de mobilisation rapide. Initialement, les États-Unis ne voulaient pas s’engager dans la guerre et n’ont réagi qu’après avoir été directement attaqués à Pearl Harbor. Mais quelle réaction ! Après un engagement total, l’implication des États-Unis a contribué à transformer le cours de la guerre, conduisant les forces alliées à la victoire en trois ans et demi.

Dans son discours annuel au congrès, le 6 janvier 1942, un mois après le bombardement de Pearl Harbor, le Président Roosevelt a annoncé les objectifs de production d’armement du pays. Les Etats-Unis prévoyaient de produire 45 000 chars, 60 000 avions, et plusieurs milliers de navires. Il a ajouté“que nul ne dise que cela ne peut pas être réalisé.”

Personne n’avait jamais vu des chiffres aussi énormes de production d’armes. Beaucoup de gens étaient sceptiques. Mais Roosevelt et ses collègues se sont rendus compte que la plus grande concentration mondiale de puissance industrielle était à ce moment-là l’industrie automobile des États-Unis. Même pendant les années de crise industrielle suivant le krach financier de 1929, les Etats-Unis ont continué à produire au moins 3 millions de voitures par an.

Après son discours annuel au congrès, Roosevelt rencontra les dirigeants de l’industrie automobile et leur indiqua que le pays comptait fortement sur eux pour atteindre ces objectifs de production d’armement. Ils s’attendaient au départ à continuer à fabriquer des voitures et à développer à côté la production d’armement. Mais ils ne savaient pas encore que la vente de nouvelles voitures serait bientôt interdite. Entre début 1942 et fin 1944, pendant presque trois ans, aucune voiture ne fut produite aux Etats-Unis.
Parallèlement à cette interdiction de la vente de voitures neuves, la construction de maisons et d’autoroutes fut arrêtée, et la conduite de loisir interdite. Les gens se mirent tout à coup à recycler et a cultiver les “jardins de la victoire”. Les marchandises stratégiques (dont les pneus, l’essence, les carburants, et le sucre) furent rationnées à partir de 1942. Cette année là vit pourtant la plus grande croissance de la production industrielle de l’histoire du pays, entièrement destinée à des fins militaires. Les besoins en avions de guerre étaient énormes. Cela ne comprenait pas seulement les chasseurs, les bombardiers et les avions de reconnaissance, mais aussi des avions de transport de troupes et de matériel permettant de combattre sur des fronts éloignés. Entre 1942 et 1944, les Etats-Unis ont dépassé de loin l’objectif initial de production de 60 000 avions, en fabriquant le chiffre stupéfiant de 229 600 aéronefs, une flotte si grande qu’il est difficile, même aujourd’hui, de se l’imaginer. De façon toute aussi impressionnante, à la fin de la guerre, plus de 5 000 navires marchands avaient été construits, en comparaison des quelques 1 000 bâtiments qui composaient la flotte marchande américaine en 1939.

Dans son livre No Ordinary Time (Une époque peu ordinaire, ndlt), Doris Kearns Goodwin décrit comment diverses entreprises furent converties. Une fabrique de bougies automobiles fut l’une des premières à transformer sa production pour construire des mitrailleuses. Un fabricant de cuisinières se mit à produire des canots de sauvetage ; Un fabriquant de manèges s’est reconverti dans les supports pour mitrailleuses ; une fabrique de jouets a produit des boussoles ; une fabrique de corsets, des ceintures de grenades ; une usine de flippers, des balles perforantes.

Rétrospectivement, la vitesse à laquelle a été réalisée cette conversion d’une économie de temps de paix en économie de temps de guerre est impressionnante. Cette prise de contrôle de la puissance industrielle des Etats-Unis a fait pencher la balance en faveur des Alliés, renversant le cours de la guerre. Winston Churchill citait souvent son secrétaire aux affaires étrangères, Sir Edward Grey; “Les Etats-Unis sont comme une chaudière géante. Une fois le feu allumé, il n’y a pas de limite à la puissance qu’ils peuvent mobiliser.”

Le fait est qu’il n’a pas fallu des décennies pour restructurer l’économie industrielle américaine, ni même des années. Cela a été fait en quelques mois. Si nous avons pu restructurer l’économie industrielle américaine en quelques mois, alors nous pouvons restructurer la production mondiale d’’énergie en une décennie.
De nombreuses chaînes de montage automobile étant actuellement à l’arrêt aux États-Unis, il serait relativement simple de ré équiper certaines d’entre elles pour produire des éoliennes, comme la Ford Motor Company l’a fait durant la Seconde Guerre mondiale avec les bombardiers B-24, afin d’aider le monde à rapidement exploiter valeur ses immenses ressources éoliennes. Cela permettrait de montrer au monde que l’économie peut être restructurée rapidement, de façon rentable, et suivant un axe qui améliore la sécurité mondiale.

Le monde dispose aujourd’hui des technologies et des ressources financières permettant de stabiliser le climat, d’éradiquer la pauvreté, de stabiliser la population, de restaurer les écosystèmes sur lesquels l’économie repose, et surtout, de redonner l’espoir. Les États-Unis, la plus riche société qui ait jamais existé, ont les ressources et le leadership pour mener cet effort.

L’une des questions que l’on me pose le plus souvent est la suivante : que puis-je faire ? Les gens s’attendent souvent à ce que je parle de changement de style de vie, du recyclage des journaux, ou du remplacement des ampoules d’éclairage. C’est indispensable, mais c’est loin d’être suffisant. La restructuration de l’économie globale demande de devenir politiquement actif, d’œuvrer pour les changements nécessaires, comme le fait la campagne populaire contre les centrales à charbon (aux Etats-Unis, ndlt). La sauvegarde de la civilisation n’est pas un sport de spectateur.

Informez-vous. Lisez sur ces sujets. Partagez les publications de l’Earth Policy Institute avec vos amis. Choisissez un sujet qui ait du sens pour vous, comme la restructuration fiscale pour rendre les marchés justes, l’arrêt des centrales thermiques au charbon, ou le développement d’un système de recyclage de pointe dans votre commune. Ou rejoignez un groupe qui s’emploie à fournir des services de planning familial aux 215 millions de femmes qui veulent pouvoir contrôler leur natalité, mais n’ont pas les moyens de le faire. Vous pourriez aussi monter un groupe de personnes partageant les mêmes idées pour travailler sur un sujet d’intérêt commun. Commencez en parlant avec d’autres pour choisir une problématique sur laquelle travailler.

Une fois que votre groupe s’est informé et s’est fixé un but clair, demandez à rencontrer les élus de votre conseil municipal ou le député de votre circonscription. Écrivez ou envoyez un courriel à vos élus au sujet de la nécessité d’un transfert de fiscalité et de l’élimination des subventions aux combustibles fossiles. Rappelez-leur que de ne pas incorporer les coûts environnementaux dans la comptabilité publique ou privée peut donner l’illusion de la prospérité à court terme mais que cela mène à long terme à l’effondrement.

Pendant la deuxième guerre mondiale, la conscription a demandé à des millions de jeunes hommes de prendre le risque de sacrifier leur vie. Il nous suffit aujourd’hui d’être politiquement actifs et de modifier notre mode de vie. Lors de la deuxième guerre mondiale, le Président Roosevelt a souvent demandé aux américains d’adapter leurs modes de vie, ce qu’ils ont fait, en travaillant ensemble pour un but commun. Quelle peut être aujourd’hui notre contribution, sous forme de temps, d’argent, ou de réduction de consommation, pour aider à sauvegarder la civilisation ?

Le choix vous appartient — nous appartient. Nous pouvons nous en tenir au Business as Usual et continuer sur la voie d’une économie qui détruit les écosystèmes sur lesquels elle repose, jusqu’à sa propre destruction ; ou nous pouvons être la première génération à changer de cap, plaçant le monde sur un chemin de progrès durable. Ce choix est celui de notre génération, mais il va affecter la vie sur Terre pour toutes les générations à venir.

Informez-vous. Lisez sur ces sujets. Partagez les de l’Earth Policy Institute avec vos amis. Choisissez un sujet qui ait du sens pour vous, comme la pour rendre les marchés honnêtes, l’n, ou le développement d’un système de recyclage de pointe dans votre commune. Ou rejoignez un groupe qui s’emploie à fournir des services de aux 215 millions de femmes qui veulent pouvoir contrôler leur natalité, mais n’ont pas les moyens de le faire. Vous pourriez aussi monter un groupe de personnes partageant les mêmes idées pour travailler sur un sujet d’intérêt commun. Commencez en parlant avec d’autres pour choisir une problématique sur laquelle travailler.

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Adapté du chapitre 13, “Sauver la civilisation” de World on the Edge: How to Prevent Environmental and Economic Collapse de Lester R. Brown, (New York: WW Norton & Company, 2011), disponible en ligne sur : http://www.earth-policy.org/books/wote

Nous sommes très heureux de vous annoncer la publication en français du dernier livre de Lester Brown, World on the Edge, sous le titre :
Basculement
Comment éviter l’effondrement économique et environnemental ?
La sortie en librairie est prévue pour le 6 octobre prochain. L’équipe d’Alternative Planétaire a contribué à sa traduction. Il sera co-édité par les Editions Souffle Court et Rue de l’Echiquier.

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Pour s’abonner aux traductions des mises à jour du Plan B de l’Earth Policy Institute:
http://www.ecologik-business.com/inscription-newsleter-lester-brown.html

L’association Alternative Planétaire est le relais en France des idées et du travail de l’Earth Policy Institute:
http://www.alternativeplanetaire.com

Information complémentaire: www.earthpolicy.org

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