127 - RÉTABLIR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE POUR TOUS |
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Publication de l’Earth Policy Institute RÉTABLIR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE POUR TOUS
texte original: Lester R. Brown , traduit par Marc Zischka, Frédéric Jouffroy et Pierre-Yves Longaretti Trois facteurs sont aujourd’hui à l’origine de l’augmentation de la demande alimentaire : la croissance démographique, l’augmentation du niveau de vie et sa traduction en consommation de viande, de lait et d’œufs, et enfin l’utilisation de céréales pour la production d’agro-carburants. L’expansion démographique de l’humanité est aussi ancienne que l’agriculture elle-même, mais elle atteint des sommets de nos jours avec une augmentation de près de 80 millions de personnes par an. Plus inquiétant, cette croissance démographique se produit en quasi-totalité dans des pays déjà confrontés à un manque de terres cultivables, à l’érosion des sols et à l’assèchement des puits d’irrigation. Alors même que la population augmente, près de 3 milliards de personnes aspirent à améliorer leur alimentation notamment en produits d’origine animale. Cette tendance accroit la demande indirecte en céréales, dont la consommation varie de fait avec le revenu, passant d’environ 180 kilogrammes en Inde, à près de 725 kilogrammes aux Etats-Unis, où le régime alimentaire est très riche en viande et en produits laitiers. Les Etats-Unis ont tenté de réduire leur dépendance au pétrole en transformant des céréales en éthanol. Cette politique s’est traduite par un bond dans la croissance annuelle de la demande mondiale en céréales : de 20 millions de tonnes par an, celle-ci a soudain franchi les 50 millions de tonnes en 2007. Sur les 416 millions de tonnes de céréales récoltées en 2009 aux USA, 119 millions ont été converties en éthanol, soit plus que l’ensemble des récoltes céréalières du Canada et d’Australie. Cet investissement massif dans les distilleries d’éthanol a déclenché une concurrence sans précédent entre les usages énergétiques et alimentaires des céréales. Si l’on examine maintenant l’équilibre alimentaire non plus du point de vue de la demande mais de celui de l’offre, il apparaît qu’augmenter la production pour faire face à la croissance de la demande est un défi de plus en plus difficile à relever. Les barrières sont multiples : érosion des sols, épuisement des nappes phréatiques, multiplication de canicules affectant les récoltes, fonte des calottes glaciaires et des glaciers de montagne, et enfin détournement de l’eau d’irrigation au profit des zones urbaines. Les surfaces cultivées diminuent au profit des usages non agricoles. Les populations et les parcs automobiles sont non seulement en concurrence en terme d’utilisation des récoltes mais aussi plus directement en terme d’usage des sols. La surface de bitume aux USA couvre une superficie supérieure à la moitié de celle de l’Italie. Une augmentation du parc automobile américain de 5 véhicules conduit à l’artificialisation d’une surface équivalente à celle d’un terrain de football américain (4 000 m2). En Chine, les implications de cette relation entre automobiles et terres agricoles sont inquiétantes. Pour la première fois en 2009, les ventes d’automobiles en Chine ont dépassé celles des Etats-Unis. Si le taux d’équipement des chinois devait atteindre celui de 3 voitures pour 4 personnes caractéristique des USA, on compterait plus d’un milliard de véhicules en Chine, soit plus que la totalité de la flotte mondiale actuelle. La surface qui devrait être aménagée pour faire rouler cette flotte représenterait les 2/3 de la surface actuelle des rizières du pays. La pression sur les terres agricoles au niveau mondial est d’autant plus forte du fait de la demande accrue en soja. Cette culture est devenue indispensable à la production de viande, de lait et d’œufs : l’ajout de soja dans l’alimentation du bétail et de la volaille améliore nettement l’efficacité de conversion en protéines animales des céréales qu’ils ingèrent. De ce fait, la consommation mondiale de soja a explosé, passant de 17 millions de tonnes en 1950 à 252 millions de tonnes en 2010, soit une progression d’un facteur 15. C’est en Chine, pays dont cette culture est originaire, que la hausse de la demande en soja est la plus forte. Il y a peu, en 1995, la Chine produisait 14 millions de tonnes de soja et en consommait autant ; en 2010, sa production était inchangée mais sa consommation a atteint un niveau record de 64 millions de tonnes. La moitié des exportations mondiales de soja est de fait aujourd’hui destinée à la Chine. La demande en soja augmente, mais les progrès de l’agronomie ne se sont pas traduits par une progression suffisante des rendements, et l’augmentation de la production mondiale se fait donc par un accroissement des surfaces cultivées. La culture du soja accapare les terres agricoles. aux Etats-Unis, au Brésil et en Argentine ; ces pays représentent à eux trois les quatre cinquièmes de la production mondiale de soja et 90 pour cent des exportations. Autrefois, la sécurité alimentaire relevait de la seule responsabilité du ministère de l’agriculture. De nos jours, ce ministère, quel que soit sa compétence, ne peut plus suffire à cette tâche. Par exemple, les efforts déployés en termes de santé publique et de planning familial pour réduire la natalité peuvent avoir plus d’impact sur la sécurité alimentaire future que la politique du ministère de l’agriculture sur l’augmentation de la productivité des sols. # # # # # # Pour s’abonner aux traductions des mises à jour du Plan B de l’Earth Policy Institute: L’association Alternative Planétaire est le relais en France des idées et du travail de l’Earth Policy Institute: Information complémentaire: www.earthpolicy.org N’hésitez pas à transmettre cette information à des amis, membres de la famille, et collègues ! # # # pour plus d'informations, contactez: Contact Presse & Permissions de reproduction: Contact Recherche : Earth Policy Institute |
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