120 - RÉDUIRE L’UTILISATION DE L’EAU DANS LES VILLES |
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Publication de l’Earth Policy Institute RÉDUIRE L’UTILISATION DE L’EAU DANS LES VILLES
texte original: Le président des Etats-Unis Théodore Roosevelt a un jour observé qu’ «un peuple civilisé devrait savoir comment se débarrasser de ses eaux usées autrement qu’en les mettant dans l’eau potable». Cette méthode traditionnelle de dispersion des déjections humaines et des déchets industriels est une pratique dépassée dans un contexte d’existence conjointe de nouvelles technologies et de restrictions d’eau. Elle est pourtant toujours répandue dans une grande partie du monde. L’eau arrive en ville, est contaminée par les excréments et les déchets industriels, et en repart dangereusement polluée. Les déchets toxiques industriels déversés dans les lacs, les rivières ou les puits, s’infiltrent aussi dans les nappes phréatiques, rendant les eaux de surface et souterraines impropres à la consommation. Il existe heureusement une alternative peu coûteuse : la toilette sèche. Il s’agit d’une simple toilette sans odeur, n’utilisant pas d’eau, reliée à une installation de compostage, et parfois à un système séparé de récupération d’urine. L’urine collectée peut être utilisée comme engrais dans les fermes alentours. Le compostage à sec transforme les excréments humains en un terreau pratiquement sans odeur ne représentant plus environ que 10 pour cent du volume initial. Ces installations doivent être vidées à peu près chaque année, selon leur conception et leur taille. Les marchands ramassent régulièrement l’humus et le vendent comme complément pour le sol, assurant ainsi le retour des nutriments et matières organiques dans le sol et réduisant le besoin en engrais coûteux en énergie. Comparée aux toilettes à eau, cette technologie réduit drastiquement l’utilisation d’eau des logements, et fait baisser les factures et la quantité d’énergie nécessaire au pompage et à la purification de l’eau. Elle permet en outre de réduire les volumes d’ordures quand les déchets alimentaires y sont aussi compostés, d’éliminer le problème d’évacuation des eaux usées et de restaurer le cycle des nutriments. L’Agence Américaine pour la Protection de l’Environnement recense maintenant les marques de toilettes sèches homologuées. Lancées au départ en Suède, ces toilettes fonctionnent bien dans les diverses conditions dans lesquelles elles sont utilisées, que ce soit dans les immeubles suédois, les résidences privées des Etats-Unis et les villages chinois. Les toilettes sèches peuvent être une solution pour une majorité des 2,5 milliards de personnes qui ne disposent pas d’installations sanitaires satisfaisantes. Pour résumer, plusieurs raisons conduisent à faire de ce système perfectionné de toilettes sèches une première priorité : le développement des pénuries d’eau, la montée des prix de l’énergie et celle des émissions de carbone, la réduction des réserves de phosphates, la progression du nombre de zones mortes océaniques, l’augmentation du coût des soins des maladies intestinales, et les coûts d’investissement croissants des systèmes d’évacuation des eaux usées. Certaines villes confrontées à la restriction des approvisionnements commencent à recycler leur eau. Singapour, par exemple, qui achète à la Malaisie de l’eau à un prix élevé, recycle déjà son eau, et réduit ainsi le volume de ses importations. Windhoek, capitale de la Namibie et qui est l’un des endroits les plus arides d’Afrique, recycle ses eaux usées pour fournir de l’eau potable. En Californie, où l’eau est rare, le Comté d’Orange a investi 481 millions de dollars dans une installation de recyclage qui a ouvert au début 2008 pour transformer les eaux usées en une eau propre et saine, utilisée pour recharger l’aquifère local. Los Angeles prévoit de faire de même. Le recyclage de l’eau devient une condition de survie pour un nombre croissant de villes. Des économies d’eau sont réalisables dans les logements en utilisant des pommeaux de douches, des toilettes, et des machines à laver le linge ou la vaisselle à faible consommation. Certains pays sont en train d’adopter des normes d’efficience de l’eau et des labels pour les appareils électroménagers, très comparables à ce qui a été fait pour l’efficacité énergétique. Avec l’augmentation à venir inéluctable des prix de l’eau, les investissements dans des toilettes sèches et des appareils électroménagers à faible consommation d’eau vont devenir de plus en plus intéressants pour les propriétaires de logements individuels. Deux équipements (les toilettes et les douches) représentent plus de la moitié de la consommation d’eau des logements. Alors que les toilettes traditionnelles à chasse d’eau utilisent 22,7 litres par utilisation, la norme légale aux Etat-Unis pour les nouveaux WC est passée à 6 litres. Les nouvelles toilettes équipées d’une double chasse utilisent seulement 3,8 litres pour évacuer les liquides et 6 litres pour les solides. Passer d’un pommeau de douche utilisant 20 litres d’eau par minute à un modèle n’en consommant plus que 10 divise par 2 la consommation d’eau. Du côté des machines à laver, un produit européen à axe horizontal consomme 40 pour cent moins d’eau que les modèles traditionnels à axe vertical. Le système actuel de dispersion des déchets par utilisation d’eau n’est pas viable. Notre planète bondée abrite trop de logements, d’usines et d’élevages intensifs pour se débarrasser de ses déchets en les dispersant dans la nature. Cette approche appartient au temps où nous étions bien moins nombreux et l’activité économique bien plus réduite. Elle est maintenant écologiquement stupide et dépassée. # # # Adapté du Chapitre 6, “Concevoir les villes pour les personnes » de Plan B 4.0: Mobilizing to Save Civilization (New York: W.W. Norton & Company, 2009) de Lester Brown, disponible gratuitement en ligne sur : # # # Pour s’abonner aux traductions des mises à jour du Plan B de l’Earth Policy Institute: L’association Alternative Planétaire est le relais en France des idées et du travail de l’Earth Policy Institute: Information complémentaire: www.earthpolicy.org # # # pour plus d'informations, contactez: Contact Presse & Permissions de reproduction: Contact Recherche : Earth Policy Institute |
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