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95 - BATIMENTS ZERO CARBONE

 

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Publication du Earth Policy Institute
Faits saillants
17 mars 2010 

BATIMENTS ZERO CARBONE

Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka, Frédéric Jouffroy et Pierre-Yves Longaretti

Texte original:
www.earthpolicy.org/index.php?/book_bytes/2010/pb4ch04_ss4

Une part importante de la consommation mondiale d’électricité et de matières premières est liée au secteur du bâtiment. Il représente aux Etats-Unis, pour le tertiaire et l’habitat, 72 pour cent de la consommation d’électricité et 38 pour cent des émissions de CO2. Au niveau mondial, la construction de bâtiments représente 40 pour cent de l’utilisation des matériaux.

On pense souvent que la réduction des émissions de carbone dans le secteur du bâtiment est un processus de long terme, la durée de vie des bâtiments étant de 50 à 100 ans, voire plus. Mais ce n’est pas vrai : la rénovation énergétique d’un bâtiment ancien mal isolé peut réduire la consommation et les factures d’énergie de 20 à 50 pour cent. Ceci peut être complété par un passage à l’électricité sans carbone, (produite sur place ou achetée) pour le chauffage, la climatisation et l’éclairage du bâtiment. Et voilà une opération “ bâtiment zéro-carbone ” rondement menée !

Certains pays développent des politiques ambitieuses, à l’exemple remarquable de l’Allemagne qui exige pour tous les nouveaux bâtiments construits depuis janvier 2009 que la production d’eau chaude et le chauffage soient assurés au moins à 15 pour cent par des énergies renouvelables, ou qu’ils répondent à des normes énergétiques bien plus sévères. L’Etat subventionne les propriétaires de bâtiments neufs et anciens. En pratique, dès que les constructeurs et les propriétaires se penchent sur le sujet, ils réalisent vite que dans la plupart des cas il est intéressant sur le plan économique d’aller bien au-delà des exigences minimales.

On observe déjà des signes de progrès aux Etats-Unis entre autres à travers certaines dispositions de la Loi Américaine de Relance et de Réinvestissement de 2009 conçue pour stimuler l’économie. Elle prévoit par exemple l’isolation de plus d’un million de maisons, après diagnostic énergétique. Une deuxième mesure concerne l’isolation et la rénovation d’une grande partie des bâtiments publics. Une troisième mesure mise en place est l’amélioration de l’impact écologique des bâtiments gouvernementaux par l’augmentation de leur efficacité énergétique et, quand cela est possible, par l’installation d’équipements sur les toits tels que des capteurs solaires thermiques pour l’eau et le chauffage, et des panneaux solaires photovoltaïques.

Dans le secteur privé, l’action est dirigée par la Fédération Américaine de Construction Ecologique (U.S. Green Building Council - USGBC) bien connue pour son programme Leadership en Energie et Conception Environnementale (Leadership in Energy and Environmental Design, LEED) . Ce programme volontaire définit quatre niveaux de certification: Certifié, Argent, Or, et Platine. Un bâtiment certifié LEED doit répondre à des normes minimales en terme de qualité environnementale, d’utilisation de matériaux, d’efficacité énergétique, et d’efficacité en utilisation de l’eau. Les bâtiments certifiés LEED séduisent les acheteurs car ils présentent des coûts de fonctionnement réduits, un meilleur rendement locatif, et leurs occupants y sont généralement plus heureux et en meilleure santé que dans les bâtiments traditionnels.

Les normes de certification LEED pour la construction de bâtiments neufs ont été publiées en 2000. En 2004, l’USGBC a aussi mis en place une certification pour les espaces intérieurs de bâtiments commerciaux ainsi que pour les améliorations de bâtiments existants effectuées par les locataires. Et en 2007 cet organisme a commencé à publier des normes de certification pour les constructeurs de maisons.

L’examen de la liste des critères LEED permet de réaliser le nombre de moyens qui permettent d’améliorer l’efficacité énergétique globale d’un bâtiment. Le processus de certification pour les bâtiments neufs commence par la sélection du site, puis prend en compte l’efficacité énergétique, la gestion efficace de l’eau, les matériaux employés, ainsi que la qualité de l’environnement intérieur obtenu. Pour la sélection du site, la notation est fonction de la proximité des transports en commun tels que le métro, le tramway, ou les lignes d’autobus. L’obtention d’une note plus élevée dépend aussi de l’existence de parcs à vélos et de douches pour les employés. Les nouveaux bâtiments doivent également utiliser au maximum la lumière du soleil, avec au moins 75 pour cent de l’espace en éclairage naturel. L’utilisation de sources d’énergies renouvelables est un bonus.

Le LEED a certifié jusqu’ici 1 600 bâtiments neufs aux Etats-Unis ; et quelques 11 600 autres bâtiments en projet ou en construction ont demandé la certification. L’ensemble des surfaces des bâtiments commerciaux, certifiés ou en attente de certification, représente 464 millions de mètres carrés de surface (soit l’équivalent de 85 000 terrains de football).

L’immeuble des bureaux de la Fondation Chesapeake Bay abritant 100 employés près d’Annapolis, au Maryland, fut le premier à obtenir le label LEED Platine. Il comporte une pompe à chaleur géothermique pour le chauffage et la climatisation, un chauffe-eau solaire en toiture, et des toilettes sèches bien conçues qui produisent un humus riche utilisé comme engrais pour les espaces verts entourant le bâtiment.

Le siège social nord-américain de Toyota en Californie, qui regroupe 2 000 employés, a obtenu le label LEED Or; un de ses atouts est une grande centrale solaire qui fournit la plus grande partie de son électricité. La mise en place d’urinoirs sans eau, et la réutilisation de l’eau de pluie lui permettent de fonctionner avec une économie d’eau de 94 pour cent, par rapport à un bâtiment conventionnel de même taille. Une moindre utilisation d’eau est également synonyme d’une consommation plus réduite d’énergie.
A Chicago, un immeuble de bureaux de 60 étages qui a obtenu la certification Or utilisera l’eau de la rivière pour climatiser le bâtiment en été, et comprendra une toiture végétale réduisant le ruissellement et améliorant l’isolation thermique. Les mesures d’économies d’énergie permettront à son propriétaire d’économiser 600 000 Euros par an sur ses factures d’énergie. Le principal locataire, Kirkland et Ellis LLP, un cabinet juridique de Chicago, tenait à ce que le bâtiment obtienne une certification or.

L’Etat de Californie a chargé Capital E, une entreprise de conseil en bâtiments écologiques, d’analyser le bilan économique de 33 bâtiments certifiés LEED de l’Etat. La conclusion de l’étude fut que la certification a augmenté les coûts de construction de 30 Euros par mètre carré; cependant, les baisses constatées des charges de fonctionnement, de l’absentéisme et du turnover des employés, ainsi que l’augmentation de la productivité, génèrent sur les 20 premières années une économie par rapport aux bâtiments traditionnels : elle est de 360 Euros par mètre carré pour les bâtiments Certifiés et ceux ayant obtenu le label Argent, et s’élève à 500 Euros par mètre carré pour les bâtiments certifiés Or et Platine.

En 2002 a été fondé le World Green Building Council (Fédération Mondiale de Construction Ecologique), équivalent international de l’USGBC. Il regroupait au printemps 2009 les Fédérations de 14 pays, dont le Brésil, l’Inde, et les Emirats Arabes Unis. Huit autres pays, allant de l’Espagne à Vietnam, œuvrent pour être admis au sein de cet organisme. Actuellement, L’Inde se classe 2ème après les Etats-Unis, avec 27 millions de mètres carrés de surface certifiés EED, suivie par la Chine (26 millions) et le Canada (24 millions).

Si l’on cherche à rendre plus écologiques les nouveaux bâtiments, de nombreux efforts portent aussi sur l’amélioration des structures plus anciennes. En 2007, la Fondation Clinton a annoncé un “ Programme de Rénovation Thermique des Bâtiments ”, dans le cadre de l’ “ Initiative Clinton pour le Climat ” (CCI). En coopération avec le C40 (un regroupement de grandes villes leader dans la lutte contre le réchauffement climatique), ce programme rassemble des institutions financières et certaines des plus grandes compagnies mondiales de services et technologies énergétiques pour travailler avec les villes à la rénovation des bâtiments et gagner jusqu’à 50 pour cent de consommation d’énergie. Les sociétés de services énergétiques, dont Johnson Controls et Honeywell, se sont engagées à fournir aux propriétaires de bâtiments des “ assurances de performance ” contractuelles, garantissant les économies d’énergie réalisées et les coûts maximum des projets de rénovations. Lors du lancement de ce programme, l’ancien Président Bill Clinton a souligné qu’il allait permettre aux banques et sociétés de services énergétiques de gagner de l’argent, aux propriétaires d’immeubles de réduire leurs charges, tout en réduisant les émissions de carbone.

En avril 2009, les propriétaires de l’Empire State Building à New York ont annoncé des projets de modernisation des 240 000 mètres carrés de bureaux de cet immeuble de 102 étages vieux de presque 80 ans pour réduire sa consommation d’énergie de presque 40 pour cent. Les économies d’énergie correspondantes - 3,3 millions d’Euros - devraient permettre d’amortir les coûts de rénovation en trois ans.

La définition par les gouvernements de règles de construction imposant des normes minimales en terme d’efficacité énergétique des bâtiments est très efficace pour aller plus loin que ces simples initiatives volontaires. Ceci est démontré de façon spectaculaire aux Etats-Unis en comparant l’efficacité énergétique des logements en Californie et dans le reste du pays : entre 1975 et 2002, la consommation d’énergie par personne liée à l’habitat a baissé globalement de 16 pour cent aux Etats-Unis alors qu’elle a chuté de 40 pour cent en Californie de par l’existence d’une réglementation de construction contraignante. Il y a clairement un énorme potentiel de réduction de la consommation d’énergie des bâtiments aux Etats-Unis, et par extension dans le reste du monde.

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Adapté du chapitre 4, “Stabiliser le climat: une révolution de l’efficacité énergétique ” , Plan B 4.0: Mobiliser pour saver la Civilisation de Lester R. Brown (New York: W.W. Norton & Company, 2009), disponible en ligne sur www.earthpolicy.org/index.php?/books/pb4

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