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111 - LES EMISSIONS TOTALES DE DIOXYDE DE CARBONE ONT BAISSE EN 2009

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Publication du Earth Policy Institute
Indicateur Eco-Economie
20 juillet 2010

LES EMISSIONS TOTALES DE DIOXYDE DE CARBONE ONT BAISSE EN 2009

Amy Heinzerling traduite par Marc Zischka, Frédéric Jouffroy et Pierre-Yves Longaretti

texte original:
http://www.earthpolicy.org/index.php?/indicators/C52/carbon_emissions_2010

Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de la Chine, premier émetteur mondial, ont augmenté en 2009 de près de 9 pour cent. Dans le même temps, la plupart des pays industrialisés ont réduit leurs émissions, ce qui a conduit à une baisse des émissions mondiales de CO2 liées à l’utilisation des énergies fossiles ; celles-ci sont redescendues à 8,4 milliards de tonnes en 2009, après avoir culminé à 8,5 milliards en 2008. Cette baisse se produit cependant à l’issue d’une décennie de croissance rapide, au cours de laquelle les émissions globales de CO2 ont augmenté en moyenne de 2,5 pour cent par an, soit près de quatre fois plus vite que dans les années 1990. L’augmentation des températures ainsi que la fonte des glaces et l’élévation du niveau des mers qu’elles provoquent sont la preuve des effets destructeurs de l’accumulation du carbone dans l’atmosphère.
Emissions de CO2 globales
Les émissions dans de nombreux pays riches ont baissé en 2008 et 2009 en raison de la récession mondiale. Aux États-Unis, les émissions de CO2 ont diminué de près de 10 pour cent entre 2007 à 2009, passant d’un maximum de 1,58 milliards de tonnes de carbone à 1,43 milliards, soit le plus bas niveau enregistré depuis 1995. Les émissions dues au pétrole, dont une part importante provient des transports, ont baissé de près de 11 pour cent, alors que celles dues au charbon, surtout utilisé pour produire de l’électricité, ont chuté de plus de 13 pour cent.

Au Royaume-Uni, les émissions de CO2 ont chuté de plus de 10 pour cent entre 2007 à 2009 ; celles de l’Allemagne et de la France ont baissé respectivement de 8 et 5 pour cent. Le Japon a vu les siennes réduites de près de 12 pour cent au cours de cette période de deux ans. ( Voir les données ).

Dans le même temps, les émissions de CO2 des pays les plus peuplés du monde, la Chine et l’Inde, ont continué à croître rapidement. Les émissions de la Chine sont passées à 1,86 milliards de tonnes de carbone en 2009, représentant presque un quart des émissions mondiales provenant de la combustion des combustibles fossiles. La croissance moyenne annuelle des émissions la Chine a été de 8 pour cent au cours de la dernière décennie, et elle est devenue en 2007 le premier émetteur mondial de CO2 devant les Etats-Unis. Les émissions de l’Inde ont augmenté de près de 5 pour cent par an au cours de la dernière décennie, dépassant en 2007 celles de la Russie pour se situer aujourd’hui au 3ème rang mondial.
Emissions de CO2
Les émissions par personne dans les pays en développement restent pourtant très inférieures à celles de la plupart des pays industrialisés. La minuscule nation du Qatar se classe au premier rang pour les émissions par habitant, avec 11,5 tonnes de carbone par personne en 2009, suivie par plusieurs autres pays riches en pétrole. L’Australie, les États-Unis et le Canada sont en tête des grands pays industriels, avec des émissions par personne de l’ordre de 4 à 5 tonnes de carbone en 2009, soit trois fois plus élevées qu’en Chine et près de quatre fois supérieures à la moyenne mondiale. De nombreux pays européens, comme le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France présentent des niveaux de vie comparables aux Etats-Unis, mais pour une émission de dioxyde de carbone par personne réduite de moitié.

Le chiffre total des émissions de chaque pays correspond à la combustion des combustibles fossiles à l’intérieur de ses frontières. Il intègre donc, pour les grands pays usines du monde tels que la Chine, celles résultant de la production de marchandises destinées à d’autres pays. Une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Stanford a conclu que 22 pour cent des émissions chinoises proviennent de la production de biens destinés à l’exportation. Elle a également établi que la fabrication de produits pour les États-Unis correspond à l’émission de 190 millions de tonnes d’émissions de carbone par an. Si les chiffres totaux d’émissions étaient corrigés pour attribuer les émissions au consommateur final, les États-Unis deviendraient à nouveau le principal émetteur mondial.

L’utilisation de combustibles fossiles génère la majorité des émissions de dioxyde de carbone, mais elle n’est pas seule en cause : les changements à l’œuvre dans l’utilisation des terres, tel le défrichage des forêts pour les transformer en terres cultivées, sont aussi responsables de l’émission d’une quantité importante de CO2. Les émissions mondiales correspondantes pour 2008, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, ont été estimées à 1,2 milliards de tonnes de carbone. La grande majorité de ces émissions provient de la déforestation en zone tropicale : l’Indonésie et le Brésil représentent en effet à eux seuls plus de 60 pour cent de ces émissions.

Plus de la moitié du dioxyde de carbone émis chaque année est absorbée par les océans, les sols et les arbres. Ces systèmes naturels ne peuvent faire face à l’augmentation rapide du taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ce qui représente une menace particulière pour les écosystèmes océaniques. Les grandes quantités de CO2 dissoutes modifient la chimie des océans en rendant l’eau de mer plus acide; cette acidité perturbe la fabrication des squelettes et coquilles de calcaire d’organismes tels que les coraux bâtisseurs de récifs ou les coquillages. Les océans du monde sont maintenant plus acides qu’ils ne l’ont jamais été au cours des 20 derniers millions d’années. Des experts ont estimé que les récifs coralliens pourraient disparaître dans le monde entier d’ici à 2050 si les émissions de CO2 continuent à augmenter à long terme.

Des recherches récentes ont également montré que les océans pourraient, avec la montée du niveau des émissions, perdre leur capacité à absorber le dioxyde de carbone. Les capacités d’absorption de CO2 de l’océan Austral, autour de l’Antarctique, et de l’Océan Atlantique Nord, ont diminué au cours des dernières décennies.

Le dioxyde de carbone qui n’est pas absorbé par ces puits naturels reste dans l’atmosphère, piégeant la chaleur. Le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, qui se situait entre 260 et 285 parties par million (ppm) depuis le début de l’agriculture jusqu’à la Révolution Industrielle, a rapidement augmenté lors les deux 250 dernières années pour atteindre aujourd’hui 387 ppm. Ce niveau n’avait jamais été atteint depuis 15 millions d’années ; à l’époque, les niveaux des mers étaient de 25 à 40 mètres plus élevé et les températures globales plus chaudes de 3 à 6 degrés Celsius.

L’augmentation du CO2 atmosphérique a entraîné une augmentation rapide de la température globale de la planète : Ainsi, chaque décennie lors du dernier demi-siècle a été plus chaude que la précédente. Les conséquences de cette hausse des températures sont déjà documentées, comme la fonte des glaciers et des calottes glaciaires , le changement des conditions climatiques et les changements dans le calendrier des événements saisonniers.

Bien qu’une bonne part de la baisse des émissions mondiales en 2009 provienne de la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles en période de récession, on a cependant aussi observé l’an dernier une forte croissance de l’utilisation des énergies renouvelables. La capacité éolienne installée a augmenté de plus de 30 pour cent à travers le monde. Aux États-Unis, alors que l’utilisation du charbon chutait de plus de 13 pour cent entre 2007 à 2009, plus de 200 nouveaux parcs éoliens sont entrés en service au cours de la même période, générant plus de 18 000 mégawatts de capacité de production supplémentaire. Cette croissance va se poursuivre lors des années à venir, de par les centaines de milliards de dollars en fonds de relance investis à travers le monde dans des projets d’énergie propre et d’efficacité énergétique.

Toutefois, de nombreux éléments se conjuguent pour montrer qu’une action plus rapide et plus importante est nécessaire. Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), organisme international regroupant de plus de 2 500 scientifiques, a modélisé plusieurs scénarios de croissance des émissions dans les prochaines décennies. L’augmentation probable de la température prévue dans ces scénarios varie de 1,1 à 6,4 degrés Celsius à la fin du siècle. Même en prenant en compte la baisse récente, la tendance actuelle des émissions de dioxyde de carbone continue de suivre les pires scénarios du GIEC. Un nombre croissant de scientifiques s’accorde à dire que la concentration de CO2 dans l’atmosphère doit être stabilisée à moins de 350 ppm. Un changement de cap fondamental et rapide est nécessaire pour atteindre cet objectif.

La question aujourd’hui est donc de savoir si la communauté internationale est capable de rapidement faire baisser les émissions de dioxyde de carbone, en dissociant la croissance économique de l’utilisation d’énergies fossiles. Dans le cas contraire, il est probable que les émissions remonteront à nouveau avec le redressement de l’économie mondiale, déstabilisant encore plus les écosystèmes terrestres. Seul le passage à une nouvelle économie de l’énergie, s’appuyant, à la place des combustibles fossiles, sur des sources d’énergie exemptes de carbone comme l’éolien, le solaire et la géothermie, nous permettra d’éviter les pires effets du changement climatique.

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