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86 - INDICATEUR ÉCO-ECONOMIQUE : LA DERNIÈRE DÉCENNIE EST LA PLUS CHAUDE JAMAIS ENREGISTREE

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Publication du Earth Policy Institute
14 janvier 2010

INDICATEUR ÉCO-ECONOMIQUE : LA DERNIÈRE DÉCENNIE EST LA PLUS CHAUDE JAMAIS ENREGISTREE


Amy Heinzerling, traduite par Marc Zischka, Frédéric Jouffroy et Pierre-Yves Longaretti

Texte original:
www.earthpolicy.org/index.php?/indicators/C51/global_temperature_2010

La première décennie du 21ème siècle a été la plus chaude jamais enregistrée depuis l’origine des méthodes de mesure modernes en 1880. La température globale moyenne de 14,52 °C sur la période est 0,2 °C plus élevée qu’au cours de toutes les précédentes décennies. L’année 2005 a été la plus chaude jamais enregistrée, 2007 et 2009 étant ex-aequo pour la 2ème place. Et, en définitive, 9 des 10 années mesurées les plus chaudes ont eu lieu pendant la dernière décennie (voir données).

Le réchauffement s’est accéléré lors des dernières décennies. La température de la Terre est plus élevée de 0,8 degré Celsius par rapport à son niveau de la première décennie du 20ème siècle, et les deux tiers de ce réchauffement se sont produits depuis 1970 (voir données)
Bien que ces augmentations de la température globale puissent sembler peu importants, elles provoquent déjà un début de réaction des systèmes naturels, comme en témoigne la fonte des calottes glaciaires et des glaciers, les changements dans les tendances climatiques, et le glissement des dates des événements saisonniers. Si les températures continuent à progresser au rythme actuel, elle sortiront d’ici la fin de ce siècle de la plage étroite dans laquelle la civilisation humaine a pu se développer et s’épanouir.

Temperatures moyennes globales

Ce réchauffement affecte l’ensemble de la planète, mais certaines régions y sont plus sensibles, et la plus concernée est l’Arctique. Les informations paléoclimatiques données par les lacs arctiques, les cernes de croissance de arbres, et les carottes glaciaires révèlent que la dernière décennie a été la plus chaude des deux derniers millénaires. Le réchauffement est amplifié dans l’Arctique pour plusieurs raisons, telles que la perte de la couverture globale de neige et de glace de la région : à mesure que les températures s’élèvent et que la glace fond, celle-ci est remplacée par de l’eau plus foncée, qui absorbe plus d’énergie solaire au lieu de la réfléchir comme la glace, et accélère ainsi le réchauffement. Dans certaines parties de l’Arctique, les températures annuelles moyennes ont augmenté de pas moins de 2 ou 3 degrés Celsius depuis les années 50. En 2007, la réduction estivale de la banquise Arctique a atteint un record historique, le passage du Nord-Ouest étant pour la première fois de mémoire humaine complètement libre de glace, et les années 2008 et 2009 figurent en deuxième et troisième positions en terme de réduction estivale de la surface de la banquise arctique.

La température de la terre est déterminée par un certain nombre de facteurs. Le phénomène d’oscillation australe El Niño (El Niño–Southern Oscillation, ENSO) y joue un rôle majeur. Ce cycle, qui entraîne de grandes variations des températures atmosphériques et océaniques sur l’ensemble de la zone tropicale du Pacifique, se compose de deux phases : El Niño, qui conduit à une augmentation de la température globale moyenne, et La Niña, qui la fait baisser. Les variations de température d’une année sur l’autre sont également influencées par la quantité d’énergie que la Terre reçoit du Soleil : les augmentations de l’activité solaire tendent à élever les températures globales, et inversement.

Ces cycles normaux ne permettent pas cependant n’expliquer à eux seuls les conditions de température de la dernière décennie. Si le phénomène El Niño le plus fort du siècle a fait de 1998 l’année la plus chaude enregistrée jusqu’alors, l’année qui constitue maintenant le record des températures (2005) n’a pas été favorisée par un El Niño particulier; et 2007 a été la deuxième année la plus chaude enregistrée, en dépit du développement d’un phénomène de refroidissement La Niña. De plus, l’énergie solaire incidente a en fait diminué depuis le début de la décennie, même si les températures globales ont atteint des records ; le niveau d’activité solaire au début 2009 était le plus bas depuis un siècle.

Le réchauffement anthropique dû aux gaz à effet de serre est devenu le facteur prédominant du changement climatique, devant les cycles de l’ENSO ou les variations de rayonnement solaire. Le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a progressé rapidement depuis le début de la Révolution Industrielle, passant de 280 parties par million (ppm) à la fin du XVIIIème siècle à 387 ppm aujourd’hui. Des chercheurs ont récemment indiqué que le niveau atmosphériques de dioxyde de carbone n’a jamais été aussi haut depuis environ 15 millions d’années ; à l’époque, le niveau des mers était de 25 à 40 mètres plus élevé, et les températures étaient approximativement de 3 à 6 degrés Celsius plus chaudes.

Les risques posés par l’élévation des températures globales sont considérables. Les glaciers de montagne qui fournissent de l’eau à plus d’un milliard de personnes fondent avec le réchauffement de l’atmosphère. La fonte des calottes glaciaires et la dilatation thermique des océans élèvent le niveau des mers, ce qui constitue une menace pour les populations côtières. L’augmentation des températures provoque la baisse de rendement des récoltes, mettant en danger la sécurité alimentaire mondiale. Dans le monde entier des écosystèmes sont affectés de façon irréversible, menaçant d’extinction un grand nombre d’espèces.

La montée des températures induit également une augmentation de la gravité et de la fréquence des événements météorologiques extrêmes. Sur les dernières décennies, les scientifiques ont enregistré partout dans le monde une augmentation des températures maximales et une diminution des minimales. Les canicules deviendront plus fréquentes et intenses avec la progression des températures ; des régions toujours plus grandes seront touchées par des sécheresses plus longues et plus graves, et on observe déjà une progression de la sécheresse globale depuis les années 70, liée à l’augmentation des températures. La capacité de stockage de l’eau dans l’atmosphère augmente avec la montée des températures, provoquant des tempêtes et des inondations de plus forte intensité dans des régions déjà bien arrosées.

La décennie passée a vu beaucoup d’événements météorologiques records, illustrant le type d’évènements amenés à devenir plus fréquents avec le réchauffement global. L’Europe a subi à l’été 2003 une canicule intense qui a provoqué plus de 52 000 décès. Aux Etats-Unis, la fréquence des records des températures journalières maximales a été supérieure à celle des températures minimales pour les 10 dernières années ; une sécheresse persistante a affecté certaines régions du Sud et de l’Ouest au cours des cinq dernières années. En 2006, la canicule qui a touché l’Ouest et le Midwest a tué 140 personne en Californie.

La conjonction de sécheresses et de températures élevées augmente le risque des feux de forêts. 2006 et 2007 ont de ce fait vu les pires périodes de feu enregistrées aux Etats-Unis. Des conditions semblables ont mené au désastre dans le sud-est de l’Australie début 2009 : les feux de brousse intenses se propageant rapidement ont tué 173 personnes et brûlé plus de 400 000 hectares au cours de ce que l’on appelle maintenant le “ Samedi noir ”.

D’autres régions ont connu des pluies et des inondations exceptionnellement fortes dans la dernière décennie. Une inondation record a frappé l’Europe Centrale en 2002, causant plus de 100 décès et forçant l’évacuation de 450 000 personnes. En été 2007, la pire inondation en 60 ans en Angleterre au Pays de Galles a tué neuf personnes et causé des milliards de dollars de dégâts. Cette période de mai à juillet fut la plus humide dans la région depuis le début de l’enregistrement des précipitations en 1766. En 2008, des inondations considérables se sont produites dans plusieurs parties du continent africain. L’Algérie a connu ses pires inondations du siècle, et celles du Zimbabwe étaient les pires jamais enregistrées.

Le réchauffement des océans combiné à l’élévation des températures fournit plus d’énergie pour alimenter les tempêtes tropicales. Les dernières décennies ont vu une augmentation de la fréquence des ouragans les plus dévastateurs, et la principale cause identifiée par les chercheurs est la hausse des températures de surface de la mer. La saison 2005 a été la pire enregistrée pour les ouragans dans l’Atlantique, avec 27 tempêtes répertoriées, dont 15 ont été classées comme ouragans, comme l’ouragan Katrina, qui a provoqué plus de 1 300 décès et 125 milliards de dollars de pertes financières.

En 2007, le Groupement Intergouvernemental des Experts du Climat (GIEC), une assemblée internationale regroupant de plus de 2 500 scientifiques, a publié son quatrième rapport d’évaluation, confirmant “ sans équivoque ” le réchauffement récent de la planète. Le rapport prévoit une élévation de la température globale moyenne de 1,1 à 6,4 degrés Celsius d’ici la fin du siècle. En se basant sur les évaluations scientifiques les plus récentes, si les émissions de gaz à effet de serre continuent à croître à leur rythme actuel, le réchauffement vers la fin du siècle atteindra ou dépassera probablement la borne haute de ces prévisions. Les effets de l’augmentation des températures, comme l’accélération de la fonte de glace ou celle de la montée du niveau de la mer dépassent déjà les prévisions du GIEC datant d’il y a seulement trois ans. Sans réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, la température globale s’élèvera nettement d’ici la fin du siècle, créant un monde considérablement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui.

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