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75 - LA CONFERENCE DE COPENHAGUE PORTE EN FAIT SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE

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Publication du Earth Policy Institute
le 10 novembre 2009

LA CONFERENCE DE COPENHAGUE PORTE EN FAIT SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE

Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka, Frédéric Jouffroy et Pierre-Yves Longaretti

Texte original:
http://www.earthpolicy.org/index.php?/plan_b_updates/2009/update84

Au sein des 193 délégations nationales qui se réuniront en Décembre à Copenhague pour la Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique, les inquiétudes à ce sujet sont très diverses. Pour les délégations des archipels, la principale préoccupation est la montée du niveau des mers, au vu de la faible élévation de leur pays. Pour les pays du Sud de l’Europe, le changement climatique est synonyme d’une diminution des pluies et de l’aggravation des sécheresses. Pour ceux de l’Est de l‘Asie et des Antilles, l’augmentation de la puissance des ouragans et des raz de marée qu’ils provoquent constitue une angoisse grandissante.  Cette conférence sur le changement climatique portera sur ces différents sujets, et sur bien d’autres ; mais, de façon plus fondamentale encore, cette conférence portera sur la sécurité alimentaire.

Il suffit de regarder la fonte des glaces pour constater que la planète doit faire face à un problème de sécurité alimentaire. La fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Ouest Antarctique fait s’élever le niveau des mers. Si l’Inlandsis Groenlandais devait fondre entièrement, le niveau des mers monterait de 7 mètres. Des prévisions récentes montrent qu’il pourrait s’élever de près de 1,8m durant ce siècle.

La production mondiale de riz est particulièrement vulnérable à l’augmentation du niveau des mers. Une carte du Bangladesh établie par de la Banque Mondiale montre que même une élévation limitée de 90 centimètres recouvrirait la moitié des rizières de ce pays de 160 millions d’habitants. Elle inonderait aussi au moins un tiers du delta du Mékong, qui fournit la moitié du riz du Vietnam, ce dernier étant le deuxième exportateur de riz dans le monde. Et elle submergerait une partie de la vingtaine d’autres deltas de fleuves asiatiques où se pratique la culture du riz.

La fonte à l’échelle mondiale des glaciers de montagne est encore plus inquiétante. Le World Glacier Monitoring Service (WGMS) en Suisse a récemment signalé que nous étions dans la dix-huitième année consécutive de recul des glaciers de montagne. La fonte des glaciers touche les Andes, les Montagnes Rocheuses, les Alpes et de façon généralisée les chaînes de montagne d’Asie.

La disparition des glaciers en Himalaya et sur le plateau Tibétain est la plus préoccupante car la fonte de cette glace alimente le débit des plus grands fleuves de l‘Inde et de la Chine (’Indus, le Gange, le Yang-Tseu-Kiang et le Fleuve Jaune) durant la saison sèche. Cette eau de fonte alimente aussi les systèmes d’irrigations dépendant de ces fleuves.

Pour Yao Tandong, un des meilleurs glaciologues chinois, deux tiers des glaciers de la Chine pourraient avoir disparu d’ici 2050 : “ La réduction à grande échelle des glaciers sur le plateau Tibétain conduira au final à une catastrophe écologique ”.

Elle conduira aussi à une catastrophe humanitaire. La Chine est le premier producteur de blé mondial et l’Inde le second (les Etats-Unis arrivant au troisième rang). A la différence des Etats-Unis, la plupart du blé cultivé en Chine et en Inde provient de terres irriguées. Ces deux pays dominent totalement la production mondiale de céréale juste avec le blé et le riz. La fonte prévue de ces glaciers de montagne en Asie constitue la plus gigantesque menace sur la sécurité alimentaire que l’humanité ait jamais connu.

Les prévisions de récoltes de blé et de riz dans ces deux pays, peuplés chacun de plus d’un milliard d’habitants, sont un sujet d’inquiétude pour le monde entier. Le marché des denrées alimentaires est devenu mondial, et une baisse de récolte, où qu’elle se produise, peut faire grimper les prix partout dans le monde.

La montée des températures a aussi un impact direct sur le rendement des récoltes. Une étude d’une équipe internationale de scientifiques a été publiée par l’Académie Nationale des sciences des Etats-Unis, qui elle confirme une loi expérimentale établie par des agronomes. Selon celle-ci, toute élévation de 1°C des températures au dessus de la normale durant la période de croissance provoque une baisse de 10% du rendement des récoltes de blé et de riz. Nous vivons dans un monde où les stocks de céréales sont limités — un monde dans lequel la moindre mauvaise récolte peut provoquer le chaos sur le marché des céréales. Dans ce contexte, une canicule survenant dans une grande région céréalière pourrait entraîner une pénurie alimentaire, et par voie de conséquence être source d’instabilité politique.

Les délégués des différentes nations vont se réunir à Copenhague dans un contexte de progression de la faim dans le monde. Pendant la plus grande partie de la fin du 20ème siècle, le nombre de personnes souffrant de la faim a régressé, atteignant un minimum de 825 millions à la fin des années 90. Il est depuis remonté à 870 millions en 2005, puis a passé le cap du milliard en 2009. La conjonction de la montée du niveau des mers, de la fonte des glaciers et de canicules dévastatrices pour les récoltes pourrait faire exploser ce nombre, obligeant des millions de nouvelles familles à lutter pour la survie avec un repas par jour.

Nous sommes engagés dans une course entre points de bascules environnementaux et politiques. Pouvons nous réduire assez vite les émissions de carbone pour empêcher que la fonte de la calotte glaciaire du Groenland devienne irréversible ? Pouvons-nous fermer assez vite les centrales à charbon pour sauver au moins les plus grands glaciers de l’Himalaya et du plateau Tibétain ? Pouvons-nous éviter la survenue de canicules toujours plus destructrices pour les récoltes ? Ce sont des questions de sécurité alimentaire. C’est ce sur quoi porte le sommet de Copenhague.

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Lester R. Brown est le Président de l’Earth Policy Institute et l’auteur de Plan B 4.0: Mobiliser pour sauver la civilisation
Vous pouvez trouver plus d’information dans les chapitres 1 “Selling Our Future” et 3: “Climate Change and the Energy Transition,” disponible en téléchargement gratuit sur http://www.earthpolicy.org/index.php?/books/pb4.

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