41 - LA MONTEE DU NIVEAU DES MERS ET DE PUISSANTES TEMPETES |
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Earth Policy Institute,
LA MONTEE DU NIVEAU DES MERS ET DE PUISSANTES TEMPETES Texte original: http://www.earthpolicy.org/Updates/2008/Update76.htm Janet Larsen, traduite par Frédéric Jouffroy En Octobre 1987, debout devant l’Assemblée des Nations Unies, Maumoon Abdur Gavoom, Président de Maldives, fit un appel au nom d’une “ nation en danger ”. Cette année là pour la première fois, “des vagues d’une hauteur inhabituelle” pour l’Océan Indien ont inondé un quart de la surface urbaine de l’île Male, Capitale de l’état, submergé des fermes, et emporté des terres asséchées. Gayoom apportait ainsi une preuve scientifique que les activités humaines dégageaient des gaz à effet de serre réchauffant la planète, amenant en définitive une montée globale du niveau des mers, de par la fonte des glaciers et la dilatation de l’eau due à l’augmentation de sa température. Le trouble s’étendit au delà des petites îles, des études montrant que la remontée du niveau des mers ferait des ravages sur les côtes américaines du Golfe du Mexique, aux Pays-Bas, et dans les deltas des fleuves en Egypte et au Bangladesh. En 20 ans de montée des océans et de tempêtes toujours plus puissantes, l’appel est passé du besoin d’étudier le réchauffement global à la nécessité d’une action urgente pour stabiliser le climat. Avec les autres états des petites îles en grand danger, le Président Gayoom évoque aujourd’hui la vision d’un ONU où “ les décideurs ont disparu; les sièges sont vides ” ; Il ne parle pas tout seul : cet automne, 50 pays, incluant certains petits états insulaires, aux côtés de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, et de l’Union Européenne, prévoient de déposer une résolution devant l’assemblée générale des Nations-Unis demandant que le conseil de sécurité de l’ONU examine “ la menace représentée pour la sécurité et la paix internationale par le changement climatique ” Comme l’a exprimé l’ambassadeur Stuart Beck de Palau, “ Quel pays, faisant face à une invasion armée, ne ferait pas de même ? ” Sans une réduction spectaculaire des gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone, il est prévu d’ici la fin de ce siècle une augmentation de la température moyenne globale jusqu’à 6,4°C et une augmentation du niveau des mers d’environ 1 mètre. De façon alarmante, l’accélération récente de la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Ouest Antarctique (qui ensemble contiennent assez de glace pour élever de 12 mètres le niveau de la mer) signifie que le niveau pourrait monter encore plus vite que dans ces prédictions. Le réchauffement de la planète fournit aussi plus d’énergie pour alimenter des tempêtes plus fortes. Des tempêtes plus puissantes peuvent se combiner avec une augmentation même modeste du niveau des mers en une dangereuse synergie, capables de produire des inondations toujours plus importantes, à même de raser les communautés côtières. Parce qu’une part significative de l’humanité, et beaucoup d’habitants des plus grosses villes du monde comme Calcutta, Londres, Shanghai et Washington sont sur des zones côtières vulnérables, des centaines de millions de personnes sont directement concernées par ce risque. Une large part du centre de New York est à moins de 4,5 mètres au dessus du niveau de la mer :un ouragan de catégorie 3 pourrait facilement inonder un tiers du bas Manhattan. Au total, un homme sur 10 sur cette planète vit sur une zone côtière, à moins de 10 mètres au dessus du niveau de la mer. Si des mers plus hautes et une météorologie extrême rendent ces zones inhabitables, plus de 630 millions de personnes pourraient se retrouver à chercher un sol plus sûr. Aujourd’hui, aucun endroit au monde n’est prévu pour prendre en charge des mouvements de masse de population, ou loger des millions de réfugiés climatiques. Des pays fragiles, déjà proches de leurs limites, pourraient être poussés au delà du point de rupture jusqu’à la défaillance complète de l’état. Comme la secrétaire britannique aux affaires étrangères en a averti le conseil de sécurité des Nations Unies, le risque d’une crise économique majeure et de “migrations sur une échelle jamais vue” font du changement climatique une vraie menace sur la sécurité. L’exode a déjà commencé ; Sur l’île Tegua au Vanuatu, dans le Pacifique sud, un village côtier de 100 habitants a été déplacé à l’intérieur des terres, l’érosion et l’élévation des océans ayant fait remonter le niveau de la nappe phréatique, inondant les habitations et les fosses septiques. Les îles Carteret en Papouasie Nouvelle Guinée, qui culminent à 1,5 mètres au dessus du niveau de la mer, se préparent à déplacer leurs 2000 habitants, par groupes de 10 familles, sur l’île de Bougainville, à 4 heures de bateau de là. Les Maldives et Kiribati, toutes deux assiégées par la progression des marées à l’intérieur des terres, prévoient de déplacer la population des petites îles les plus vulnérables, sur de plus grandes îles. Au delà des petites îles, les deltas des fleuves sont particulièrement concernés. Les Cyclone de catégorie 3 Nargis l’a démontré quand il a frappé le Delta de l’Ayeyarwady en Birmanie en Mai 2008. La tempête provoqua des vents très violents, et un raz de marée de 3,5 mètres de haut qui tua 135 000 personnes et endommagea 23 500 km2, dont 60 pour cent des champs de riz du pays. Plus de 2 millions de personnes furent touchées; 5 mois après la catastrophe, près de la moitié d’entre eux dépendaient toujours de l’aide alimentaire. Pour le Delta du Nil en Egypte, une élévation de 1 mètre du niveau de la mer pourrait déplacer 8 millions se personnes et inonder 12 pour cent des terres agricoles du pays. Les barrières naturelles contre l’envahissement par la mer sont en train de disparaître parce que le barrage d’Assouan bloque les dépôts de sédiments qui autrement alimenteraient le delta. L’eau salée des océans pénètre déjà dans les terres, contrariant la production de blé. Des barrières de béton bordent le port de l’ancienne ville d’Alexandrie, mais elles ne peuvent pas toujours contenir les vagues dans la baie. Des mers plus hautes pourraient aussi s’avérer désastreuses pour les 161 millions d’habitants du très densément peuplé Bangladesh. Une augmentation de 1 mètre du niveau de la mer submergerait près de la moitié des champs de riz du pays et déplacerait des dizaines de millions de personnes. L’Inde a construit un mur à la frontière avec le Bangladesh pécher l’immigration illégale, mais si la montée des océans n’est pas arrêtée, il est peu probable que le béton et les fils barbelés retiennent les flots de migrants climatiques. Bien que les petites îles et les pays en voie de développement seront probablement les premiers touchés par des évacuations ayant une cause environnementale, les pays industrialisés sont aussi concernés. L’ouragan Katrina, qui toucha la côte de la Louisiane, déjà soumise à un affaissement, à la fin août 2005, avec des vents puissants et un raz de marée de 8,5 mètres de haut, força l’évacuation de près d’un million d’habitants de la Nouvelle-Orléans et des alentours. Parmi ceux qui partirent, plus de 200 000 ne sont jamais revenus. Ils se sont installés ailleurs, devenant la première vague majeure de réfugiés climatiques américains. A la suite de Katrina, un désastre de 125 milliards de dollars, d’importants centres de population américains ont esquivé les coups de tempêtes tropicales. En Septembre 2008, l’ouragan Gustav déclencha en urgence l’évacuation temporaire de la Nouvelle Orléans, avant qu’il ne change de direction et baisse en puissance. L’ouragan Ike, une tempête remarquable en termes de dimension et de vitesse du vent, faiblit heureusement avant d’aborder les terres américaines, mais après avoir ravagé Galveston, au Texas. Les deux tempêtes arrivaient après avoir dévasté Cuba (l’archétype du cycle d’évacuation et de retour), endommageant plus de 440 000 maisons et déplaçant temporairement plus d’un million de personnes. Le changement climatique créant des tempêtes plus puissantes, hors de leurs régions et périodes d’apparition traditionnelles, les gens doivent faire le choix difficile de reconstruire ou de bouger vers des territoires plus sûrs. Aux Etats-Unis, alors que de plus en plus de personnes se déplacent vers des zones côtières vulnérables, les compagnies d’assurance se retirent, peu disposées à payer l’addition colossale des futures catastrophes météorologiques. Si nous permettons au réchauffement global de monter en flèche hors de contrôle, à quel moment l’épuisement du à ce désastre sera t’il en mesure d’anéantir complètement nos systèmes financiers et sociaux ? Nous comptons aujourd’hui les premières vagues des réfugiés climatiques en milliers de personnes, mais à moins que nous puissions maîtriser rapidement l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, nous pourrions un jour les compter par millions. # # # Pour lire le plan de l’Earth Policy Institute pour stabiliser le climat, consultez “ Time for Plan B: Cutting Carbon Emissions 80 Percent by 2020 ” sur www.earthpolicy.org/Books/PB3/80by2020.htm. Information complémentaire: www.earthpolicy.org # # # pour plus d'informations, contactez: Contact Presse & Permissions de reproduction: Contact Recherche : Earth Policy Institute |
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