Publication du Earth Policy Institute
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14 septembre 2012

LA CHALEUR ET LA SÉCHERESSE MINENT LES PERSPECTIVES DE CULTURES AMÉRICAINES, ET LES STOCKS MONDIAUX SOUFRENT

texte original : http://www.earth-policy.org/data_highlights/2012/highlights30

Janet Larsen, traduite par Marc Zischka et Frédéric Jouffroy

Les estimations de septembre du ministère de l'agriculture américain (USDA), montrent pour 2012 une baisse de rendement de 25 % du maïs américain, à 11 m3 par hectare, par rapport à l'importante récolte de 2009 (14,85 m3 par hectare). Les rendements sont les plus bas depuis 1995 et bien en dessous de la moyenne des 30 dernières années. La chaleur de l'été et la sécheresse ont également eu des conséquences sur les rendements du soja aux États-Unis, qui sont en baisse de 20 % par rapport à leur maximum de la saison 2009.

L’association de températures élevées et de la pire sécheresse survenue depuis un demi-siècle a semé le chaos dans les fermes et les ranchs américains. Près de 80 % des surfaces agricoles et pâturages aux Etats-Unis ont connu la sécheresse. Selon le National Climatic Data Center, entre janvier et août 2012, la température moyenne sur l’ensemble du territoire continental des États-Unis n’a jamais été aussi élevée, à 2,2 °C au-dessus de la moyenne du 20ème siècle. Seuls les étés de 2011 et 1936 (ce dernier datant du Dust Bowl) ont été plus chauds

Dans l'État de l'Iowa, premier producteur de maïs, le printemps a été presque 3 °C plus chaud que la moyenne du siècle dernier. Il a été suivi par un été exceptionnellement chaud et sec. St. Louis, au Missouri, dans le sud de la Corn Belt, a subi 11 jours à plus de 40 °C, un record.

En présence de sols asséchés par la sécheresse, les températures élevées ont desséché les soies du maïs et flétri ses tiges. Avec l’avancée de l’été, une part croissante des cultures de maïs américain sont passées, dans l’estimation hebdomadaire de l’USDA, d'un état “bon” ou “excellent”, à “passable”, “mauvais” ou “très mauvais”. Les prix du maïs ont fortement grimpé. Le 19 juillet, le prix du boisseau de maïs sur le marché à terme est passé pour la toute première fois au-dessus de 8 dollars. A cette date, seuls 26 % des cultures de maïs américain était évalué "en bon état", contre 77 % au début de saison.
 
Cette année n’a montré que trop clairement la relation précaire existant entre températures et rendements. La “règle générale” correspondante est qu’une augmentation de la température d’un 1 °C au-dessus de l'optimum pendant la période de croissance peut amener une baisse de productivité de 10 % de la culture. Les données du terrain montrent que cela peut même aller au delà. Quand un seuil critique de température est franchi, les plantes n’arrivent pas à récupérer.

Les cultures aux États-Unis ne sont pas les seules à être touchées cette année ; la chaleur et la sécheresse ont également fait baisser la production de blé en Russie et au Kazakhstan, ainsi que celle de maïs dans le sud de l'Europe. Les baisses de production, en même temps du maïs américain (de loin la culture la plus importante au monde), et du blé de la région de la mer Noire (qui dans les bonnes années figure en une place importante dans les exportations mondiales), vont poser des problèmes. Il est maintenant presque certain que les stocks tampons mondiaux de céréales ne remonteront pas (http://www.earth-policy.org/indicators/C54/grain_2012), ce qui nous rend dangereusement vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes pouvant survenir dans les années à venir.

Les stocks tampons de céréales devraient chuter en 2012 à 432 millions de tonnes, soit seulement 69 jours de consommation mondiale. De par le réchauffement climatique rendant de plus en plus probables les dégâts aux cultures d’origine météorologique, la constitution d'un stock tampon de céréales plus important, proche de 110 jours de consommation, est plus urgent que jamais.

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Pour approfondir votre lecture sur situation mondiale de la nourriture, voir Full Planet, Empty Plates: The New Geopolitics of Food Scarcity (http://www.earth-policy.org/books/fpep), par Lester R. Brown (W.W. Norton: Octobre 2012).
Vous pouvez lire le premier chapitre (en anglais) sur : http://www.earth-policy.org/books/fpep/fpepch1

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