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176 - REDEFINIR LA SÉCURITÉ AU 21E SIÈCLE

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Publication du Earth Policy Institute
Extrait du livre "Basculement"
31 mai 2012

 

REDEFINIR LA SÉCURITÉ AU 21E SIÈCLE

 

texte original : http://www.earth-policy.org/book_bytes/2012/wotech13

Janet Larsen, traduite par Franck Gressier, Frédéric Jouffroy et Marc Zischka

L'un des héritages du siècle dernier, au cours duquel les deux guerres mondiales et la guerre froide ont joué un rôle prédominant, est une conception presque entièrement militariste des questions de sécurité. Cette approche domine tellement la pensée de Washington que le budget des affaires étrangères des Etats-Unis, de 701 milliards de dollars en 2009, consacrait 661 milliards à des fins militaires contre seulement 40 milliards de dollars à l'aide étrangère et aux programmes diplomatiques.

Cependant, la situation dans laquelle nous nous trouvons nous pousse à redéfinir la notion de sécurité pour le vingt-et-unième siècle. Le temps où les forces militaires étrangères constituaient la principale menace sécuritaire est maintenant révolu. Les périls d’aujourd’hui sont l’instabilité climatique, l’extension des pénuries d’eau , la poursuite de la croissance démographique, la montée de la faim et la défaillance d’États. Nous devons mettre en œuvre de nouvelles priorités fiscales et budgétaires pour faire face à ces nouveaux dangers.

Douglas Alexander, ancien secrétaire d'État britannique au développement international, l'a bien dit en 2007: "Au XXème siècle la puissance d'un pays s’évaluait trop souvent à l’aune de ce qu'il pouvait détruire. Au XXIe siècle, la puissance se mesurera plutôt en terme de capacité à collaborer pour construire."

Les mentalités évoluent dans le bon sens. Aux Etats-Unis, non seulement différents groupes de réflexion indépendants, mais aussi le Pentagone perçoivent de plus en plus clairement la nécessité de redéfinir la notion de sécurité. Un certain nombre d'études ont décrit les menaces que font peser sur les intérêts américains le changement climatique, la croissance de la population mondiale, les pénuries d'eau et les pénuries alimentaires — toutes tendances contribuant à l'instabilité politique et conduisant à l'effondrement de la société.

Bien que cette redéfinition soit engagée sur le plan conceptuel, elle ne s’est pas encore traduite en termes budgétaires. Le budget militaire reste très important et largement consacré au développement et à la fabrication d’armements sophistiqués et coûteux. En l’absence d'autre superpuissance aussi lourdement armée, les États-Unis sont essentiellement dans une course aux armements avec eux-mêmes. Que faire si la prochaine guerre se déroule dans le cyberespace ou contre des terroristes ? Les énormes investissements dans les systèmes d'armes classiques seront d'une utilité limitée.

Cette omniprésence militaire américaine, qui se traduit en particulier par la présence de centaines de bases disséminées à travers le monde, ne sauvera pas la civilisation. C’est une logique d’une autre époque. Nous pouvons plus efficacement atteindre nos objectifs de sécurité en contribuant à accroître la production alimentaire, en généralisant l’offre de services de planning familial, en construisant des fermes éoliennes et des centrales solaires, et aussi des écoles et des hôpitaux.

Nous pouvons calculer l’ordre de grandeur des dépenses à consentir pour dévier notre civilisation du XXIe siècle de sa trajectoire de déclin et d’effondrement, et la placer sur la voie d’un progrès durable, ce que nous appelons le Plan B. Ne pas mettre le Plan B en œuvre, en revanche, a un coût qui est littéralement incalculable. Comment en effet mettre un prix sur un effondrement sociétal et sur les innombrables morts immanquablement provoqués par une telle catastrophe ?

Quand on compile les différents chiffres, les financements nécessaires à l’éradication de la pauvreté et à la stabilisation de la population représentent une dépense de 75 milliards de dollars supplémentaires par an au niveau mondial, par rapport aux dépenses déjà engagées par les différents pays. Ces mesures contribueront également à prévenir la défaillance d’états en s’attaquant aux causes sociales qui en sont à l’origine.

Toute tentative de lutte contre la pauvreté qui ne serait pas accompagnée d’un effort de restauration de la planète est vouée à l’échec. Protéger la couche arable, reboiser les terres, restaurer les pêcheries océaniques, ainsi qu’un certain nombre d’autres mesures coûtera selon nos estimations environ 110 milliards de dollars supplémentaires par an.

En prenant en compte les objectifs sociaux et les objectifs de restauration environnementale, le budget du Plan B correspond à une dépense annuelle de 185 milliards de dollars. C'est en fait le budget associé à la redéfinition du concept de sécurité nationale et internationale présenté plus haut et qui porte sur les plus graves menaces globales. Il équivaut à 12 % des dépenses militaires mondiales et 28 % des dépenses militaires des États-Unis. Vu l'ampleur de ce budget militaire obsolète, il n’est pas recevable de dire que nous n’avons pas les moyens de sauver notre civilisation. (Pour plus de détails sur les dépenses nécessaires, voir les chapitres 10 et 11 de Basculement : Comment éviter l'effondrement économique et environnemental.)

Malheureusement, les États-Unis continuent de consacrer en priorité leurs ressources financières au développement d’une armée toujours plus puissante, faisant largement fi des menaces posées par la poursuite des détériorations environnementales, la pauvreté et la croissance démographique. Le budget militaire des Etats-Unis représentaient en 2009 43 % des 1 522 milliards de dollars dépensés au niveau mondial dans ce secteur. Parmi les autres pays dont les dépenses militaires sont élevées figurent la Chine (100 milliards de dollars), la France (64 milliards de dollars), le Royaume-Uni (58 milliards de dollars) et la Russie (53 milliards de dollars).

Pour moins de 200 milliards de dollars par an au niveau mondial, nous avons les moyens d’éradiquer la faim, l’illettrisme, les maladies et la pauvreté, mais aussi de restaurer les sols, les forêts et les pêcheries de la planète. Nous sommes en mesure de construire une communauté mondiale où les besoins fondamentaux de tous les habitants seraient satisfaits, un monde qui nous permettrait de nous considérer comme civilisés.

Adapté de "Basculement" livre de lester Brown. Version anglaise disponible en ligne: www.earth-policy.org/books/wote.
présentation en français de l'ouvrage :
ftp://ftp2.ecologik-business.com/ecologikb/Wote_FR.pdf
 
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