79 - LA CHINE RATTRAPE LES ÉTATS-UNIS DANS LE SECTEUR EOLIEN |
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Publication du Earth Policy Institte LA CHINE RATTRAPE LES ÉTATS-UNIS DANS LE SECTEUR EOLIEN Texte original: Le marché éolien mondial est sur le point de vivre un changement de leadership. Les États-Unis sont le lieu de naissance de l'industrie éolienne moderne. Avec un rythme de croissance des infrastructures de 50% par an, ils occupent le premier rang à l’échelle mondiale depuis 2005. Ils ont établi en 2008 un nouveau record avec l’installation d’une capacité supplémentaire de 8 540 mégawatts. On s’attend cependant à ce que la crise du crédit induise un tassement à 8 000 nouveaux mégawatts en 2009; la Chine devrait de fait dépasser les Etats-Unis en 2009 avec une capacité supplémentaire attendue de l’ordre de 10 000 mégawatts. Après avoir doublé chaque année depuis 5 ans sa capacité installée, cet acteur relativement récent du marché est maintenant en passe de dominer l'industrie de l’énergie éolienne dans les années à venir. La volonté chinoise de suprématie dans ce domaine est clairement affichée avec le programme Wind Base. En 2008, l'Administration Nationale de l'Energie a sélectionné six sites favorables à l’installation de méga-complexes éoliens, chacun d’une capacité de 10 000 à 30 000 mégawatts. Un septième site a depuis été aussi retenu. La construction du premier projet, un complexe de 13 000 mégawatts dans la province de Gansu au Nord-Ouest, a démarré en août 2009. A leur achèvement, ces Wind Bases (Bases Éoliennes) auront au total une capacité de plus de 110 000 mégawatts, soit l'équivalent de la production de 110 centrales thermiques au charbon. L’émergence de la Chine en tant que nouveau leader mondial du marché éolien en 2009 fait suite à une année exceptionnelle. La capacité de production éolienne mondiale a progressé de 29 pour cent en 2008 (dernière année pour laquelle des données complètes sont disponibles), avec un record de nouvelle capacité installée de 27 000 mégawatts, pour un total de 121 000 mégawatts installés dans le monde entier — de quoi couvrir les besoins résidentiels en électricité de presque 200 millions de personnes. En 2008, une capacité ajoutée de plus de 8 500 mégawatts a permis aux Etats-Unis, avec 25 400 mégawatts de capacité totale, de s'inscrire en tête du classement ; elle était seconde derrière l’Allemagne depuis 1997. Toujours en 2008, la Chine s'est classée seconde en terme de nouvelle capacité ajoutée avec 6 300 mégawatts, et a progressé à la 4ème place pour la capacité totale installée. L'Inde avec 1 800 mégawatts, l'Allemagne avec 1 660, et l'Espagne avec 1 610 complètent le classement des 5 premiers en terme de nouvelle capacité ajoutée (Voir les données sur www.earthpolicy.org/index.php?/indicators/C49 ).
En 2008, les nouvelles installations ont atteint 8 800 mégawatts en Europe; celle-ci reste de loin la première région du monde pour la capacité totale installée. L'Allemagne, l'Espagne, et le Danemark (qui tirent respectivement 7, 12, et 21 pour cent de leur électricité de l’éolien) ont longtemps été les seuls acteurs majeurs du développement de l'énergie éolienne européenne. Mais le marché se diversifie maintenant de façon rapide, l'Italie, la France, et le Royaume-Uni formant une "deuxième vague" de l'expansion de l'éolien. L’énergie éolienne a constitué en 2008, pour l'Union Européenne, la première source de capacité de production électrique ajoutée. Aux Etats-Unis, en 2008, quarante deux pour cent de la capacité de production ajoutée sont venus de l’éolien, mais celui est resté derrière le gaz naturel pour la quatrième année consécutive. Le Texas surpasse tous les états en termes de capacité totale ; fin 2009, il possède près de 9 000 mégawatts installés, soit le triple environ de la capacité de l'Iowa, son dauphin au classement. Le Texas pourrait d’ailleurs figurer en tant que tel au sixième rang du classement mondial des pays producteurs d’énergie éolienne. Trente-six états exploitent maintenant des fermes éoliennes de taille industrielle. La société d'énergie allemande E.ON a récemment achevé dans l'ouest du Texas une ferme éolienne de 780 mégawatts qui est aujourd’hui la plus grande du monde. Mais celle-ci pourrait être bientôt surpassée par des projets encore plus ambitieux en cours de développement. On compte parmi ceux-ci une ferme éolienne de 2 000 mégawatts prévue dans le “ Carbon County ”, au Wyoming, et la ferme éolienne “ Titan Wind Farm ” la bien nommée, un projet de 5 050 mégawatts dont la première phase est en construction dans le Dakota du Sud. La Chine a maintenant doublé les Etats-Unis pour la capacité annuelle ajoutée, et sa croissance explosive va bientôt la catapulter en tête en terme de capacité totale installée. Partant de moins de 800 mégawatts de puissance installée en 2004, elle a depuis multiplié sa capacité d’un facteur quinze impressionnant, pour atteindre 12 000 mégawatts à la fin 2008. Mais ce n’est qu’un début ; une étude de 2009 publiée dans le journal Science indique en effet que les ressources terrestres éoliennes de la Chine permettent de couvrir sept fois ses besoins actuels en électricité. Le potentiel éolien offshore mondial est aussi énorme, mais son développement est encore à la traîne, loin derrière celui de l'éolien terrestre. Il n’y a que 2100 mégawatts installés dans les eaux territoriales de 10 pays européens, de la Chine et du Japon. Le rythme s’accélère, plus de la moitié de cette capacité ayant été ajoutée depuis 2006. Le Royaume-Uni est en tête, avec 870 mégawatts installés en mer, auxquels vont s’ajouter les 1 000 mégawatts du projet London Array situé dans l'estuaire de la Tamise. L'Association Européenne de l'Energie Eolienne indique que 100 000 mégawatts de projets éoliens offshore sont actuellement envisagés ou en développement en Europe. On peut se demander si les Etats-Unis vont laisser la Chine prendre leadership de l'industrie éolienne au vu de l’immense potentiel économique associé. S’ils décidaient de ne pas se contenter de la 2ème place, le gain et la consolidation d’une position dominante exigerait une action massive sur de nombreux fronts. L'un d’entre eux est la prolongation à long terme du Crédit d'Impôt fédéral en faveur de la Production (Production Tax Credit, PTC), l'instrument politique principal qui a tiré vers le haut le développement de l'énergie éolienne aux États-Unis. Même si en 2009 la loi américaine de relance et de réinvestissement a prolongé le PTC jusqu'en 2012, une prolongation jusqu'en 2020 donnerait aux prêteurs, promoteurs et fabricants la confiance nécessaire à la réalisation de plans d’investissements à long terme. Une deuxième décision politique bénéfique serait de mettre en place, par l’intermédiaire d’une loi, une norme nationale ambitieuse imposant, à partir d’une date à définir, une certaine proportion d’électricité d’origine renouvelable (renewable portfolio standard : RPS). La croissance de l'éolien aux États-Unis a été aidée par l’adoption de normes au niveau des états (29 ont maintenant un RPS obligatoire) mais une norme nationale plus solide permettrait de soutenir une croissance rapide en attirant plus de capitaux d'investissement et encouragerait les fabricants à passer à la vitesse supérieure aux États-Unis. La troisième mesure qui faciliterait considérablement la croissance de l'éolien aux États-Unis est l'évolution et l'expansion accélérée du réseau électrique du pays. La capacité actuelle des réseaux depuis des régions de production éloignées est incompatible avec la quantité potentielle d’électricité à transporter. Quelques 16 projets de développement de réseaux, avec des lignes électriques capables de transporter 36 000 mégawatts supplémentaires, sont en cours et devraient être achevés d'ici 2014. Ces projets sont encourageants, mais très loin de ce qui est nécessaire pour éliminer l’énorme goulot d'étranglement des réseaux de transport d'électricité du pays : presque 300 000 mégawatts de projets éoliens en cours de développement sont bloqués, attendant l'accès au réseau électrique. Pour finir, la mise en place d’une taxe carbone permettrait aussi de donner un autre élan à l’éolien. La prise en compte des coûts climatiques de la combustion des énergies fossiles dans le prix de l'électricité rendrait l’éolien bien meilleur marché que le charbon, améliorant encore son attractivité auprès des investisseurs. Le futur leader du développement de l'énergie éolienne en tirera d'énormes avantages économiques à mesure que le monde passera des combustibles fossiles aux sources d'électricité renouvelables. L'éolien émerge comme la pièce maîtresse de la nouvelle Economie de l'Energie, et la bataille pour la domination industrielle porte de grands enjeux, dont des millions de nouveaux emplois. Avec près de 300 000 mégawatts de projets éoliens en perspective et une administration favorable à la Maison Blanche, les Etats-Unis pourraient reprendre leur rôle de leader, à condition qu’ils choisissent de le faire. # # # Pour s’abonner aux traductions des mises à jour du Plan B de l’Earth Policy Institute: L’association Alternative Planétaire est le relais en France des idées et du travail de l’Earth Policy Institute: Information complémentaire: www.earthpolicy.org N’hésitez pas à transmettre cette information à des amis, membres de la famille, et collègues ! # # # pour plus d'informations, contactez: Contact Presse & Permissions de reproduction: Contact Recherche : Earth Policy Institute |
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