71 - LES ETATS-UNIS SE DIRIGENT VERS UNE BAISSE MASSIVE |
||
Earth Policy Institute LES ETATS-UNIS SE DIRIGENT VERS UNE BAISSE MASSIVE DE LEURS EMISSIONS DE CARBONE Texte original: De nombreux membres du Congrès affirment depuis maintenant des années que la réduction des émissions de carbone est difficile, voire impossible. C’est faux. Au cours des deux années précédentes -2007 et 2008- les émissions de carbone des Etats-Unis ont chuté de 9 pour cent. Même si une partie de cette baisse est due à la crise, une autre part provient des gains d’efficacité énergétique et du remplacement du charbon par le gaz, le vent, le soleil et la géothermie. Les Etats-Unis ont mis un terme à la croissance continue de leurs émissions de carbone depuis un siècle et viennent d’entrer dans une nouvelle ère de l’énergie, celle de la baisse des émissions. Le pic des émissions de carbone fait désormais partie de l’histoire. Ce qui semblait désespérément difficile à faire se produit à une vitesse extraordinaire. La chute des émissions amorcée depuis 2007 est saisissante, pour un pays où l’utilisation de pétrole et de charbon n’a pas arrêté d’augmenter depuis plus d’un siècle. En 2008, la consommation de pétrole a baissé de 5 pour cent, celle du charbon de 1 pour cent et le total des émissions de carbone de 3 pour cent. Les prévisions pour 2009, basées sur des données du Ministère de l’Énergie pour les neuf premiers mois, montrent une baisse supplémentaire de la consommation de pétrole de 5 pour cent. La consommation de charbon devrait chuter de 10 pour cent. L’ensemble des émissions de carbone issues des combustibles fossiles, y compris le gaz naturel, a reculé de 9 pour cent sur ces deux années. D’autres mesures de baisse massive des émissions sont en préparation, au-delà de ce qui a déjà été réalisé. Les principales ont trait à des normes renforcées en matière d’économie de carburant pour les automobiles, aux normes d’efficacité énergétique des appareils, et aux incitations financières pour aider le développement à large échelle des énergies éolienne, solaire et géothermique (voir les données sur www.earthpolicy.org). Des actions sont en cours pour réduire l’utilisation de combustibles fossiles et les émissions de carbone à chaque niveau de gouvernance (fédéral, étatique et municipal), ainsi que dans les entreprises, les services publics et les universités. Et des millions de personnes aux Etats-Unis conscientes des enjeux climatiques et soucieuses de leur budget changent de mode de vie pour réduire leur consommation d’énergie. Le gouvernement fédéral — le plus gros consommateur d’énergie du pays, avec ses 500000 bâtiments et ses 600000 véhicules — a annoncé pour sa part qu’il mettait en place ses propres objectifs de réduction d’émissions de carbone. Cela englobe la réduction de sa flotte de véhicules de 30 pour cent d’ici 2020, le recyclage de 50 pour cent de ses déchets en 2015, et une politique d’achats orientée sur des produits respectant l’environnement. La consommation d’électricité chute en partie à cause de l’augmentation de l’efficacité énergétique. Le potentiel de baisse supplémentaire est manifeste au vu du large écart existant entre les états. Le Rocky Mountain Institute a calculé que si les 40 états les moins efficaces atteignaient l’efficacité des 10 états les plus performants, la consommation nationale d’électricité serait réduite d’un tiers. Cela permettrait la fermeture de 62 pour cent des 617 centrales thermiques au charbon du pays. Des actions sont en cours pour mettre en oeuvre ce potentiel. Depuis plusieurs années, le Ministère de l’Energie n’arrivait pas à rédiger les règlements nécessaires à la mise en place de la législation déjà adoptée par le Congrès concernant l’efficacité des appareils électroménagers. Dans les jours qui ont suivi son investiture, le Président Obama a sommé le ministère d’émettre ces règlements pour réaliser au plus vite ces importants gains d’efficacité. La révolution énergétique qui est désormais en marche va tout transformer, de l’éclairage au transport. Pour l’éclairage, par exemple, le passage des ampoules à incandescences aux plus récentes diodes electro-luminescentes (LEDs), combiné à l’utilisation de capteurs de détection de déplacement pour gérer la lumière en fonction de l’occupation permet réduire de plus de 90% la consommation d’électricité. Los Angeles est ainsi en train de remplacer ses 140000 lampes d’éclairage public par des LEDs, réduisant sa facture d’électricité et ses coûts de maintenance de 10 millions de dollars par an. Le mouvement en direction de la réduction des émissions de carbone s’amplifie sur bien des fronts. En Juillet, le Sierra Club (coordinateur de la campagne nationale anti-charbon) a annoncé la 100ème annulation de projet de centrale depuis 2001. La bataille conduit de facto à un moratoire sur les nouvelles centrales à charbon. Malgré un budget annuel de 45 millions de dollars investi par l’industrie du charbon dans la promotion d’un “charbon propre”, les fournisseurs d’énergie renoncent au charbon et commencent à fermer des centrales. La Tennessee Valley Authority (TVA), opérateur d’un parc de 11 centrales à charbon (47 ans d’âge moyen), est sous le coup d’une décision de justice exigeant l’installation pour plus d’un milliard de dollars de systèmes de contrôle de la pollution. Elle envisage de fermer une centrale près de Rogersville, au Tennessee, ainsi que les six générateurs les plus anciens sur un total de huit d’une autre centrale située à Stevenson, en Alabama. Mais TVA n’est pas le seul opérateur concerné. Au total, ce sont quelques 22 centrales thermiques au charbon dans 12 états qui sont en train d’être remplacées par des fermes éoliennes, des centrales thermiques au gaz naturel et d’autres utilisant des copeaux de bois, ou bien par des gains en efficacité énergétique. Beaucoup d’autres vont probablement fermer sous la pression grandissante de l’opinion publique pour améliorer la qualité de l’air et réduire les émissions de carbone. Le passage du charbon au gaz naturel entraîne une réduction d’environ de moitié des émissions de carbone; le passage aux énergies éolienne, solaire et géothermique les élimine totalement. Les gouvernements des différents états s’engagent franchement dans les énergies renouvelables. Trente quatre états ont mis en place une politique de normes ‘énergies renouvelables’ pour produire lors de la prochaine décennie une plus grande partie de leur électricité à partir de ces sources. Pour quelques-uns des états les plus peuplés, les objectifs visés d’utilisation d’énergie renouvelable sont les suivants : 24 pour cent pour New-York, 25 pour cent dans l’Illinois, et 33 pour cent en Californie. La fermeture des centrales à charbon américaines va de pair avec la multiplication des fermes éoliennes. En 2008, 102 fermes éoliennes se sont connectées au réseau, pour une capacité de production électrique de 8 400 mégawatts. Quarante-neuf fermes éoliennes ont été achevées dans la première moitié de 2009, et 57 supplémentaires sont en construction. Plus important, 300 000 mégawatts de projets éoliens (pensez : 300 centrales à charbon) attendent l’accès au réseau. Les installations de panneaux solaires progressent de 40 pour cent par an aux Etats-Unis. Cette croissance rapide des installations sur les toits des maisons, des centres commerciaux et des usines devrait se poursuivre avec les nouvelles incitations gouvernementales. 15 centrales solaires thermiques utilisant des miroirs pour concentrer la lumière du soleil afin de produire de l’électricité sont de plus en projet en Californie, en Arizona et au Nevada. Ce boum s’explique en partie par l’existence d’une nouvelle technologie de stockage de la chaleur permettant aux centrales de continuer à produire du courant jusqu’à six heures après la tombée de la nuit. La valorisation de l’énergie géothermique aux Etats-Unis est restée confinée pendant de nombreuses années au gigantesque projet ‘Geysers’ au Nord de San Francisco, d’une capacité de production de 850 mégawatts; mais Les Etats-Unis connaissent aujourd’hui une renaissance de la géothermie avec 132 projets en cours de développement. L’histoire d’amour d’un siècle des Américains avec leur voiture s’achève : ils se tournent aujourd’hui vers le transport de masse. On trouve difficilement aux Etats-Unis une ville qui ne soient pas en train de construire de nouvelles lignes de tramway, métro ou bus en site propre, ou bien de moderniser ou d’étendre celles existantes. A mesure que les automobilistes passent au transport public, ou à la bicyclette, la flotte de voitures américaine se réduit. La mise à la casse attendue de 14 millions de voitures en 2009 sera supérieure de 4 millions à la vente de voitures neuves, conduisant à une diminution du parc automobile de 2 pour cent dans l’année. Cette réduction va probablement continuer pendant quelques années. La consommation et l’importation de pétrole sont toutes deux en train de décroître. Ces tendances vont se poursuivre, avec les nouvelles normes d’économies de carburant élevant le rendement des nouvelles voitures de 42 pour cent et celles des camions légers de 25 pour cent d’ici 2016. Et la chute de la consommation de charbon va aussi signifier celle du mazout brûlé pour le transporter, qui représente actuellement 42 pour cent de celui consommé par le fret ferroviaire. Mais les gains les plus importants en matière d’efficacité de consommation de carburant viendront du passage aux véhicules hybrides rechargeables sur secteur et aux voitures tout-électriques. Les moteurs électriques ont non seulement un rendement trois plus élevé que les moteurs à explosion, mais ils permettent de faire rouler des voitures à l’énergie éolienne, à un coût équivalent-essence de 15 centimes d’euro par litre (hors TIPP ; ndt). La plupart des grands fabricants d’automobile vont très bientôt vendre des hybrides rechargeables ou/et des voitures électriques. Les émissions de carbone déclinent dans la nouvelle ère de l’énergie qui est en train de s’ouvrir. Elles vont probablement continuer à le faire de par les mesures politiques déjà prises. Nous allons dans la bonne direction. Nous ne savons pas encore de combien nous pouvons réduire les émissions de carbone parce que nous commençons juste à avancer sérieusement dans cette voie. La question de savoir si nous pouvons réagir assez vite pour éviter un changement climatique catastrophique reste entière. # # # Lester R. Brown est le president du Earth Policy Institute et l’auteur du livre à paraître “Plan B 4.0: Mobiliser pour sauver la Civilisation,” maintenant disponible en anglais pour téléchargement gratuit sur http://www.earth-policy.org/index.php?/books/pb4. Une partie du texte de cette mise à jour du Plan B a été publiée dans l’édition du 20 Septembre 2009 du Washington Post. Plan B 2.0 est disponible en français en librairie sous le titre « Le Plan B ; pour un pacte écologique mondial ». Obtenez les publications de l’EPI grâce aux flux RSS de l’EPI. Devenez fan de l’ EPI sur Facebook. Suivez l’EPI sur http://twitter.com/earthpolicy # # # Pour s’abonner aux traductions des mises à jour du Plan B de l’Earth Policy Institute: L’association Alternative Planétaire est le relais en France des idées et du travail de l’Earth Policy Institute: Information complémentaire: www.earthpolicy.org N’hésitez pas à transmettre cette information à des amis, membres de la famille, et collègues ! # # # pour plus d'informations, contactez: Contact Presse & Permissions de reproduction: Contact Recherche : Earth Policy Institute |
||
© Ecologik business 2009 |