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45 - FAITES ROULER LES VOITURES A L’ELECTRICITE VERTE, PAS AU GAZ NATUREL  

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Earth Policy Institute
Mise à jour du plan B
Pour parution immédiate, le 19 novembre 2008

 

FAITES ROULER LES VOITURES A L’ELECTRICITE VERTE, PAS AU GAZ NATUREL  

Texte original: http://www.earthpolicy.org/Updates/2008/Update79.htm

Jonathan G. Dorn, traduit par Frédéric Jouffroy

Avec l’augmentation spectaculaire des prix du pétrole au cours de cette année, se traduisant par des prix plus élevés à la pompe aux Etats-Unis, les inquiétudes concernant la dépendance américaine au pétrole étranger sont une fois de plus au menu du débat national sur la sécurité énergétique. Intégrant la compréhension croissante que les émissions de carbone issues de la combustion de carburants fossiles sont la cause du changement climatique global, le débat se concentre maintenant sur la façon de restructurer le système de transport américain pour résoudre ces deux problèmes. Alors que l’idée de faire rouler les véhicules américains au gaz naturel a retenu beaucoup d’attention ces derniers temps, alimenter nos voitures à l’électricité verte est une option bien plus sensée sur tous les plans: sécurité énergétique, efficacité, stabilisation du climat, et économie.

Avoir une flotte de véhicules roulant au gaz naturel (VGNLs) remplacerait simplement la dépendance américaine au pétrole étranger par une dépendance au gaz naturel, un autre carburant fossile. Les Etats-Unis ont à peine 3% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel, et sans même considérer la demande accrue qui proviendrait d’une flotte de VGN, le pays consomme déjà presque un quart du gaz naturel mondial. Au niveau actuel de consommation, les réserves américaines connues ne satisferaient la demande nationale que pour neuf années supplémentaires.

La production américaine de gaz naturel est restée relativement constante durant ces 20 dernières années, et il est peu probable qu’elle augmente à long terme, malgré la consommation croissante. En conséquence, toute hausse de la demande ne pourra être satisfaite que par une augmentation des importations. Depuis la fin des années 1980, les importations américaines de gaz naturel (principalement en provenance du Canada) ont triplé. Le Ministère Américain de l’Energie prévoit qu’en 2016 la majorité des importations US de gaz naturel viendra de l’extérieur de l’Amérique du Nord.

Avec la Russie et l’Iran en tête de la liste des pays ayant les plus grandes réserves connues de gaz naturel, une dépendance grandissante sur les importations augmenterait la vulnérabilité stratégique des Etats-Unis. Ces deux nations (qui avec 14 autres contrôlent ensemble presque les trois quarts des réserves mondiales de gaz naturel) sont membres du Forum des Pays Exportateurs de Gaz, créé en 2001. Bien qu’il n’y ait aucune preuve que ces pays cherchent à former un cartel du gaz naturel, ils ont débattu au congrès annuel 2005 du Forum, sur la manière de maintenir un prix élevé du gaz naturel satisfaisant. (Voir les données sur http://www.earthpolicy.org/Updates/2008/Update79_data.htm).

Comme le pétrole, le gaz naturel est une ressource finie, non renouvelable. Ceci veut dire que le basculement vers une flotte de VGNLs serait au mieux une solution court terme. Avec un gaz naturel devenant plus cher et plus difficile à obtenir, une flotte de VGNLs et les quelques 20 000 stations-service nécessaires associées seraient tout simplement abandonnées.

Un meilleur investissement est celui qui soutiendrait une flotte de véhicules électriques hybrides rechargeables sur secteur (VEHRs), comme la Chevrolet Volt prévue à la vente en 2010, capables d’utiliser l’infrastructure électrique existante. Une étude du laboratoire national Pacific Northwest du Ministère de l’Energie américain a montré que si tous les véhicules américains étaient des VEHRs, l’infrastructure US actuelle pourrait fournir de l’électricité à plus de 70% de la flotte. La recharge des batteries serait surtout faite la nuit, quand la demande en électricité est faible. Dans l’Economie de l’Energie émergeante (une économie construite sur des sources d’énergie nationales éoliennes, solaires et géothermiques) le passage au vert du réseau électrique (par remplacement de la production électrique issue de combustibles fossiles), serait aussi un passage au vert du système de transport. Au delà du réseau électrique, des systèmes de génération de puissance distribués (des cellules photovoltaïques sur les toits des maisons, par exemple) pourraient aussi être utilisées pour propulser les VEHRs.

Avec le panel énergétique disponible aujourd’hui, l’utilisation de VEHRs fonctionnant avec l’électricité fournie par le réseau est presque 3 fois plus efficace que celle de VGNs "de la source à la roue", c’est à dire en considérant le cycle de vie complet de la source d’énergie, depuis l’extraction du carburant, en passant par la combustion, et jusqu’à la propulsion du véhicule. Ceci parce que les moteurs thermiques, comme ceux utilisés dans les véhicules GNLs et dans les voitures à essence d’aujourd’hui, sont incroyablement inefficaces. Seuls vingt pour cent à peu près de l’énergie dans le carburant est utilisée pour faire avancer le véhicule. Les 80 pour cent restants sont perdus en chaleur. Ainsi, choisir des véhicules électriques au lieu de VGNLs peut nettement réduire la demande en énergie.

Ce fait important semble avoir échappé à T. Boone Pickens, le légendaire magnat texan du pétrole qui fait aujourd’hui la promotion d’un plan visant à remplacer le gaz naturel comme source de production d’électricité par de l’énergie éolienne, et à utiliser ce gaz naturel pour faire rouler une flotte de véhicules GNL. Brûler du gaz naturel dans de nouvelles centrales utilisant un cycle combiné est trois fois plus efficace que de brûler du gaz naturel dans une voiture. Réserver le gaz naturel au secteur électrique pour aider à alimenter un flotte de VEHRs est par conséquent un choix logique. L’électricité d’origine éolienne devrait rapidement remplacer celle provenant de centrales à charbon, la source d’énergie la plus polluante.

En conditions normales de conduite, les émissions de CO2 de la source à la roue pour les véhicules roulant à l’électricité produites par des centrales au gaz naturel sont le quart de celles venant de voitures brûlant directement du gaz naturel. Comme un VEHR fonctionnant en mode électrique ne génère pas d’émissions au niveau du tuyau d’échappement, faire passer les transports en mode électrique déplacerait la majorité des émissions de carbone provenant de millions de véhicules sur des centrales électriques centralisées, ce qui simplifierait grandement la tâche du contrôle des émissions. Au fur et à mesure que la production d’énergie issues de combustibles fossiles sera remplacée par l’énergie solaire et éolienne, les émissions cumulées de carbone des moyens de production d’énergie centralisés seront grandement réduits. 

La pollution carbone n’est pas la seule préoccupation environnementale. Au cours de la dernière décennie, le déclin de la production conventionnelle américaine de gaz naturel a été compensé par un virage vers des sources moins conventionnelles, comme le grisou (ndt :méthane se dégageant des mines de charbon), les grès compacts et les schistes gazeux. Entre 1998 et 2007, cette production non conventionnelle est passée de 28 à 47 pour cent du total de la production. La dépendance croissante aux schistes gazeux en particulier augmente les inquiétudes au sujet de la consommation et de la contamination de l’eau. Extraire du gaz de cette source implique l’utilisation de la fragmentation hydraulique, un procédé qui injecte de l’eau, du sable et des produits chimiques dans la couche de grès à des pressions très élevées. Le procédé peut utiliser des millions de litres d’eau par puits d’extraction et est reconnu comme contaminant les aquifères environnants aux produits chimiques. Le commissaire du Service de Protection de l’Environnement de la ville de New York a écrit récemment au Ministère de Protection de l’Environnement de l’état de New York pour lui faire part de ses inquiétudes sur le fait que les forages dans la formation schisteuse Marcellus contamineront le bassin hydrographique de la ville de New York, mettant en péril l’eau potable. L’opposition aux productions non conventionnelles va certainement augmenter à mesure que les compagnies gazières essayeront d’étendre leurs activités dans des zones de plus en plus sensibles.

D’un point de vue économique, rouler à l’électricité est bien meilleur marché que de rouler à l’essence ou au gaz naturel. La voiture américaine récente moyenne consomme environ 8 litres d’essence aux 100 kms, ce qui coûte 8,10 $ (6,30 €) en Juillet 2008 (la dernière date pour laquelle un prix comparatif du gaz naturel soit disponible). Faire la même distance au gaz naturel coûte 5,20 $ (4 €), alors qu’à l’électricité, en utilisant le panel énergétique existant, cela revient à 1,51$ (1,17 €).

En plus d’être meilleur marché, l’électricité est moins vulnérable aux variations brutales de prix que l’essence ou le gaz naturel. L’électricité est produite à partir de différentes sources d’énergie, aussi l’impact d’une hausse rapide du prix de l’une d’entre elles est-elle habituellement tempérée par la stabilité de prix des autres. Dans la nouvelle économie des énergies renouvelables, les prix de l’électricité seront préservés des chocs pétroliers, puisque l’énergie provenant du vent et du soleil est abondante et gratuite.

Alors que le prix de l’électricité pour les particuliers aux Etats-Unis a augmenté de seulement 30% depuis 1995, le prix du gaz naturel a fait plus que tripler à cause de la hausse de la demande et des coûts de production. Avec l’entrée en compétition attendue pour le gaz naturel contre les Etats-Unis des économies de la Chine et de l’Inde, en industrialisation rapide, les prix vont vraisemblablement poursuivre leur forte tendance ascendante.

Choisir le gaz naturel pour propulser nos véhicules condamnerait les Etats-Unis à suivre la même voie coûteuse et inefficace qui a créé notre addiction au pétrole et notre dépendance à une ressource qui au bout du compte s’épuisera. Choisir l’électricité verte peut nous emmener dans une nouvelle direction, conduisant à une sécurité énergétique améliorée et à un climat en voie de stabilisation.


Pour plus d’information sur le plan de l’Earth Policy Institute pour réduire les émissions de carbone de 80% en 2020, voir les chapitres 11-13 du Plan B 3.0 : Mobilizing to Save civilization (ndt : Se mobiliser pour sauver la civilisation) disponible en téléchargement gratuit à www.earthpolicy.org
Voir aussi "Time for Plan B: Cutting Carbon Emissions 80 Percent by 2020," disponible en pdf à www.earthpolicy.org/Books/PB3/80by2020.htm, ou bien sa traduction française, disponible en pdf sur le site de l’association Alternative Planétaire à www.alternativeplanetaire.com/sites/alternativeplanetaire.com/files/docs/Objectif80.pdf

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