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180 - L'ÉCONOMIE DU JETABLE BIENTÔT AU REBUT DE L'HISTOIRE

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Publication du Earth Policy Institute
Extrait du livre "Basculement"
12 juillet 2012

 

L'ÉCONOMIE DU JETABLE BIENTÔT AU REBUT DE L'HISTOIRE

 

texte original : http://www.earth-policy.org/book_bytes/2012/wotech8_ss5

Lester R. Brown , traduit par Marc Zischka et Frédéric Jouffroy

Dans leur livre Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things, (Du berceau au berceau : Repenser notre manière de fabriquer) l'architecte américain William McDonough et le chimiste allemand Michael Braungart concluent que les déchets et la pollution devraient entièrement être éliminés. D’après McDonough, “la pollution est le signe d’une erreur de conception."

Le défi à relever consiste à réévaluer les matériaux que nous consommons et la manière dont nous fabriquons les produits, de façon à réduire les déchets. La restructuration des modes de transport, par passage de la voiture au bus et au tramway, présente un énorme potentiel de réduction de la consommation de matériaux. A titre d’exemple, un bus de 12 tonnes peut remplacer 60 voitures pesant au total 110 tonnes, soit une économie de matière de 89 %.

Le remplacement d’une voiture par un vélo permet des économies encore plus impressionnantes. L’urbaniste Richard Register raconte qu’un de ses amis, promoteur très actif de l’usage du vélo, porte un T-shirt avec l’inscription “ Je viens de perdre 1 500 kg. Demandez-moi comment. ” La réponse étant qu’il a vendu sa voiture. Remplacer une voiture de 1,5 tonnes par une bicyclette de 10 kg réduit évidemment de façon spectaculaire la consommation de carburant, mais également de 99 % celles de matériaux, ce qui induit une économie indirecte supplémentaire d’énergie.

Réduire l'utilisation des matières premières passe par le recyclage de l'acier, dont l'utilisation dépasse largement celle de tous les autres métaux combinés. Aux États-Unis, pratiquement toutes les automobiles sont recyclées (la valeur des matériaux qu’elles contiennent est trop importante pour les laisser rouiller dans l’arrière-cour d’un ferrailleur). Avec un nombre de voitures mises à la casse supérieur aux nouvelles immatriculations), le secteur automobile américain dispose d’énormes surplus d’acier utilisables dans d’autres secteurs de l’économie.

Le taux de recyclage américain des appareils électroménagers est estimé à 90 %. Pour les canettes, il est de 65 %. En ce qui concerne l'acier utilisé dans la construction, le recyclage est de 98 % pour les poutres et les poutrelles, mais seulement de 65 % pour l'acier d’armature.

Outre la réduction de la quantité de matériaux utilisés, le recyclage permet d’énormes économies d'énergie. Fabriquer de l'acier à partir de déchets recyclés ne demande que 26 % de l'énergie utilisée pour fondre le minerai de fer. Pour l'aluminium, on descend à 4 %. Le plastique recyclé utilise seulement 20 % de l'énergie nécessaire à sa fabrication. Le papier recyclé en demande 64 % et utilise beaucoup moins de produits chimiques au cours du processus. Si à l’échelle de la planète, les taux de recyclage de ces matériaux de base s’élevaient aux niveaux atteints dans les économies les plus efficaces, les émissions mondiales de carbone chuteraient très rapidement.

Les taux de recyclage du papier varient considérablement au sein des 10 principaux pays producteurs ; la Chine et la Finlande en bas de classement recyclent moins de 40 % du papier qu’elles consomment, alors qu’à l’autre extrémité du spectre, le taux de recyclage atteint 70 à 80 %, au Japon et en Allemagne ; il atteint même 91 % en Corée du Sud. Les Etats-Unis, premier consommateur mondial de papier, arrivent assez loin derrière, mais la proportion de papier recyclé y est passée d’environ 20 % en 1980 à 59 % en 2009. Si tous les pays étaient aussi efficaces que la Corée du Sud, la quantité de bois utilisée pour produire du papier diminuerait de plus d’un tiers au niveau mondial.

Aux Etats-Unis, seulement 33 % des ordures sont recyclés, tandis que 13 % sont incinérés et 54 % sont mis en décharge. Il existe donc un énorme potentiel de réduction, à la fois pour diminuer la quantité de matériaux utilisés, pour réaliser des économies d’énergie, et pour réduire la pollution. Dans les grandes villes américaines, le taux de recyclage varie beaucoup, de 25 % à New York jusqu’à 77 % à San Francisco, en passant par 45 % à Chicago et 65 % à Los Angeles.

L'un des moyens les plus efficaces pour encourager le recyclage est d'adopter une taxe sur les déchets mis en décharge. A titre d’exemple, La ville de Lyme dans l'état du New Hampshire prend désormais part à un programme encourageant les municipalités à facturer les résidents pour chaque sac poubelle collecté ; la quantité de déchets mis en décharge a rapidement chuté, et le recyclage est passé de 13 à 52 % en un an. Non seulement ce programme a t’il allégé les charges que la ville paie pour l’utilisation de décharges, mais la municipalité a trouvé là une source de revenus provenant de la vente de matériaux recyclés. Aux Etats-Unis, plus de 7 000 municipalités ont désormais adopté ce type de programme.

En plus des incitations au recyclage des matériaux, on peut encourager ou imposer la réutilisation de produits comme les gobelets. La Finlande, par exemple, a interdit l’utilisation de gobelets à usage unique. Une bouteille en verre réutilisable demande 10 fois moins d'énergie par utilisation que le recyclage d’une canette en aluminium. Interdire les récipients non réutilisables est une option rentable à cinq niveaux : on diminue l’utilisation de matériaux, les émissions de carbone, la pollution de l’air, la pollution de l’eau, et les flux de déchets vers les décharges.

L'eau en bouteille génère encore plus de gaspillage. Dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique, il est très difficile de justifier l’embouteillage de l’eau, qui au départ est souvent de l’eau du robinet : cette eau est transportée sur de longues distances et vendue à des prix 1000 fois supérieurs à l’eau du robinet. Un marketing habile a su convaincre de nombreux consommateurs que l’eau en bouteille est plus sûre et plus saine que celle dont ils disposent chez eux ; mais une étude du WWF a mis en évidence qu’aux États-Unis et en Europe les normes régissant la qualité de l'eau du robinet étaient plus contraignantes que celles de l'eau embouteillée. Pour les gens vivant dans les pays en voie de développement où la qualité de l’eau est douteuse, il est plus économique de faire bouillir ou de filtrer l’eau que de l’acheter en bouteilles.

Fabriquer les 28 milliards de bouteilles en plastique utilisées annuellement pour conditionner l’eau aux États-Unis nécessite 17 millions de barils de pétrole. Si l’on inclut la dépense énergétique liée à la réfrigération et au transport de ces bouteilles (qui parcourent parfois des centaines de kilomètres), l’industrie américaine de l’eau embouteillée consomme environ 50 millions de barils de pétrole par an, ce qui représente 13 % des importations américaines de pétrole saoudien.

La production, la transformation et l'élimination des matériaux dans notre économie moderne du jetable sont non seulement source de gaspillage de matières premières, mais aussi de l'énergie qui a été nécessaire à toutes ces étapes. L'économie du jetable qui s’est développée au cours des cinquante dernières années est une aberration, qui finira dans les oubliettes de l’histoire.

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Adapté de "Basculement" livre de lester Brown. Version anglaise disponible en ligne: www.earth-policy.org/books/wote.
présentation en français de l'ouvrage :
ftp://ftp2.ecologik-business.com/ecologikb/Wote_FR.pdf

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