12 - NAPPES PHRÉATIQUES EN BAISSE ET RIVIÈRES QUI S'ASSÈCHENT |
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Earth Policy Institute, extrait du livre Plan B 2.0 NAPPES PHRÉATIQUES EN BAISSE ET RIVIÈRES QUI S'ASSÈCHENT texte original en anglais: http://www.earth-policy.org/Books/Seg/PB2ch03_ss2.htm Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka Tandis que la demande mondiale d'eau a triplé pendant le dernier demi-siècle, et que la demande d' hydroélectricité a augmenté encore plus rapidement, les barrages et détournements d'eau de rivières ont asséché de nombreux fleuves. Pendant que les niveaux des nappes phréatiques baissent, les sources, qui alimentent les rivières, deviennent sèches et réduisent leurs débits. De très nombreux pays épuisent leurs aquifères dans leur lutte pour satisfaire leurs besoins en eau toujours croissants, dont les trois grands producteurs de céréales (la Chine, l'Inde, et les États-Unis). Plus de la moitié des habitants de la terre vivent dans des pays où les réserves d'eau diminuent. Il existe deux types d'aquifères: aquifère renouvelable et aquifères non renouvelable (ou fossile). La plupart des aquifères en Inde et l'aquifère peu profond sous la plaine de la Chine du nord sont renouvelables. Quand elles sont épuisées, le taux de pompage maximum est automatiquement réduit au taux de recharge. Pour les aquifères fossiles, comme le vaste aquifère américain Ogallala, l'aquifère profond sous la plaine de la Chine du nord, ou l'aquifère Saoudien, l'épuisement signifie la fin du pompage. Les agriculteurs qui perdent l'eau pour l'irrigation ont l'option de revenir à une agriculture de terres sèches de plus faible rendement si le niveau de pluviométrie le permet. Cependant, dans des régions plus arides, comme dans le sud ouest des États-Unis ou le Moyen Orient, la perte de l'eau pour l'irrigation implique la fin de l'agriculture. L' ambassade américaine à Beijing indique que les cultivateurs de blé chinois dans certaines régions, pompent maintenant d'une profondeur de 300 mètres. Pomper l'eau de si bas fait grimper les coûts des pompage si haut, que les agriculteurs sont souvent forcés d'abandonner l' irrigation et reviennent à une à une agriculture de terres sèches de plus faible rendement. Une étude de la Banque Mondiale indique que la Chine exploite excessivement trois bassins fluviaux au nord (le Hai, qui coule à travers Beijing et Tianjin; le fleuve Jaune; et le Huai, le fleuve suivant au sud. Puisqu'il faut 1 000 tonnes d'eau pour produire une tonne de céréales, et que le déficit dans le bassin du Hai étant de presque 40 milliards de tonnes d'eau par an (1 tonne égale 1 mètre cube) signifie que quand l'aquifère sera épuisé, la récolte de céréales chutera de 40 millions de tonnes, assez pour nourrir 120 millions de chinois. En Inde, les restrictions d'eau sont particulièrement sérieuses simplement parce que l'écart actuel entre la consommation de nourriture et la survie est si précaire. Dans une étude sur la situation de l'eau en Inde, Fred Pearce écrit dans le New Scientist que 21 millions de puits qui ont été percés amenuisent les nappes phréatiques dans la plupart du pays. Dans le nord du Gujarat, la nappe phréatique diminue de 6 mètres par an. Au Tamil Nadu, un état de plus de 62 millions d'habitants dans le sud de l'Inde, les puits s'assèchent un peu partout et les nappes phréatiques en déclin ont asséché 95 pour cent des puits appartenant à des petits agriculteurs, réduisant la zone irriguée de moitié dans l'état pendant la dernière décennie. Comme les nappes phréatiques diminuent, les foreurs de puits utilisent une technologie de forage pétrolier modifiée pour atteindre l'eau, descendant jusqu'à 1 000 mètres dans certains endroits. Dans des communautés où les sources d'eau souterraines se sont entièrement épuisées, toute l'agriculture est alimentée avec de l'eau de pluie et l'eau potable amenée par camion. Tushaar Shah, qui dirige la station d'eau souterraine du International Water Management Institute (Institut International de gestion de l'Eau, ndlt) au Gujarat, dit de la situation de l'eau en inde, “Quand le ballon va éclater, une anarchie jamais vue sera le lot de l'Inde rurale.” Aux États-Unis, le ministère américain de l'agriculture indique que dans certaines parties du Texas , de l'Oklahoma, et du Kansas (trois importants états producteurs de céréales) le niveau des nappes souterraines a chuté de plus de 30 mètres. Comme résultat, les puits se sont asséchés dans des milliers de fermes dans la partie sud des Grandes Plaines. Même si l'exploitation des eaux souterraines a un coût sur la production de céréales américaines, les terres irriguées ne représentent que pour un cinquième de la récolte de céréales américaines, comparés aux presque trois cinquièmes de la récolte en Inde et quatre cinquièmes en Chine. Le Pakistan, un pays de 158 millions d'habitants qui s'accroît de 3 millions par an, est aussi en train d'exploiter ses eaux souterraines. Dans la partie pakistanaise de la plaine fertile du Punjab, la baisse des nappes phréatiques semble proche de celle de l'Inde. Des puits d'observation près des villes jumelles de Islamabad et Rawalpindi montre que la baisse de la nappe phréatique entre 1982 et 2000 varie entre 1 et 2 mètres par an. Dans la province du Baluchistan, les nappes phréatiques autour de la capitale, Quetta, tombent de 3,5 mètres par an. Richard Garstang, un expert de l'eau avec le World Wildlife Fund (WWF) et participant à une étude sur la situation de l'eau au Pakistan, a dit en 2001 que "dans moins de 15 ans Quetta sera à cours d'eau si le niveau de consommation actuel se maintient.” L'Iran, un pays de 70 millions d'habitants, surexploite ses aquifères de 5 milliards de tonnes d'eau par an en moyenne, l'eau équivalente à un tiers de sa récolte annuelle de céréales. Sous la petite plaine de Chenaran au nord est de l'Iran, riche sur le plan agricole, la nappe phréatique chutait de 2,8 mètres par an à la fin des années 1990. Les responsables sont les nouveaux puits forés pour l'irrigation et l'approvisionnement de la ville voisine de Mashad. Des villages dans l'est de l'Iran sont abandonnés à cause de l'assèchement des puits, générant un flot de "réfugiés de l'eau.” L'Arabie Saoudite, un pays de 25 million d'habitants, est aussi pauvre en eau qu'elle est riche en pétrole. Dépendant largement des subventions, elle a développé une agriculture extensive largement basée sur son profond aquifère fossile. Après plusieurs années d'utilisation de l'argent du pétrole pour soutenir le prix du blé à un niveau cinq fois supérieur à celui du marché mondial, le gouvernement a été forcé voir la réalité fiscale et à couper les subventions. Sa récolte de blé est tombée d'un maximum de 4 millions de tonnes en 1992 à environ 2 millions de tonnes en 2005. Quelques agriculteurs saoudiens pompent maintenant l'eau de puits à 1 200 mètres de profondeur. Au Yemen voisin, une nation de 21 millions d'habitants, la nappe sous la plus grande partie du pays chute de 2 mètres par an puisque l'utilisation de l'eau dépasse le débit durable des aquifères. A l'ouest du Yemen, dans le bassin de Sana’a, l'extraction annuelle d'eau estimée à 224 millions de tonnes dépasse la recharge annuelle de 42 millions de tonnes par un facteur cinq, diminuant la nappe phréatique de 6 mètres par an. Les projections de la Banque Mondiale indiquent que le bassin de Sana’a (emplacement de la capitale nationale, Sana’a, et foyer de 2 millions de personnes) sera à sec avant 2010. A la recherche d'eau, le gouvernement du Yemen à foré des puits test dans le bassin qui font 2 kilomètres de profondeur (des profondeurs normalement associées à l'industrie pétrolière) mais ils n'ont pas réussi à trouver d'eau. Le Yemen doit bientôt décider s'il amène de l'eau à Sana’a, probablement avec un pipeline venant d'usines de dessalement, s'il peut le financer, ou de relocaliser la capitale. chacune des alternatives sera coûteuse et potentiellement traumatisante. Israël, même si c'est un pionnier dans l'augmentation de la productivité de l'eau d'irrigation, est en train d'épuiser des deux aquifères principaux (l'aquifère côtier et l' aquifère montagneux qu'il partage avec les palestiniens). La population d'Israël, dont la croissance est nourrie par un accroissement naturel et l'immigration, commence à être déficitaire en eau. Les conflits entre les israéliens et les palestiniens sur la répartition de l'eau dans cette région se poursuivent. A cause du manque d'eau sévère, Israël a interdit l'irrigation du blé. Au Mexique (patrie de 107 millions de personnes et dont la projection en 2050 est de 140 millions de personnes) la demande en eau dépasse les possibilités d'approvisionnement. Les problèmes d'eau de Mexico City sont bien connus. Des zones rurales souffrent aussi. Par exemple, dans l'état agricole du Guanajuato, la nappe phréatique perd 2 mètres ou plus par an. Au niveau national, 51 pour cent de toute l'eau extraite du sol l'est d'aquifères qui sont trop exploités. Puisque que le pompage excessif des aquifères apparaît dans de nombreux pays plus ou moins simultanément, l'épuisement des aquifères et les diminutions de récoltes correspondantes pourraient se produire presque simultanément. Et l'accélération de l'épuisement des aquifères signifie que ce jour peut arriver vite, créant potentiellement une pénurie de nourriture impossible à gérer. Tandis que les nappes phréatiques diminuantes sont largement cachées, les fleuves qui s'assèchent avant qu'ils n'atteignent la mer sont hautement visibles. Deux fleuves où l'on peut observer ce phénomène sont le Colorado, le principal fleuve au sud ouest des États-Unis, et le fleuve Jaune, le plus grand fleuve dans le nord de la China. D'autres grands fleuves qui s'assèchent ou qui sont réduits à un seul ruisseau pendant la saison sèche sont le Nil la ligne de vie de l'Egypte; l'Indus, qui fournit la plus grande partie de l'eau pour l'irrigation du Pakistan; et le Gange en Inde avec son bassin densément peuplé. De nombreux fleuves plus petits ont entièrement disparus. Depuis 1950, le nombre de grands barrages, ceux de plus de 15 mètres de haut, est passé de 5 000 à 45 000. Chaque barrage prive le fleuve d'une partie de son flux. Les ingénieurs aiment dire que les barrages conçus pour fabriquer de l'électricité ne prélèvent pas d'eau du fleuve, seulement son énergie, mais cela n'est pas totalement vrai puisque les réservoirs augmentent l'évaporation. La perte annuelle d'eau d'un réservoir dans les régions arides ou semi-arides, où les taux d'évaporation sont élevés, est typiquement égale à 10 pour cent de sa capacité de stockage. Le fleuve Colorado atteint maintenant rarement la mer. Avec les états du Colorado, de l'Utah, de l'Arizona, du Nevada, et, plus important, de Californie qui dépendent fortement de l'eau du Colorado, le fleuve est simplement asséché avant qu'il n'atteigne le golfe de Californie. Cette demande excessive pour l'eau détruit l'écosystème du fleuve, en incluant ses pêcheries. En Chine, le fleuve Jaune, qui coule pendant 4 000 kilomètres au travers de cinq provinces avant d'atteindre la mer Jaune, a été l'objet d'une pression grandissante depuis quelques décennies. Il s'est asséché pour la première fois en 1972. Depuis 1985, il a souvent échoué pour atteindre la mer, même si une meilleure gestion et une plus grande capacité de réservoir a facilité un flux tout au long de l'année dans les années récentes. Le Pakistan, comme l'Egypte, est essentiellement une civilisation du fleuve, lourdement dépendant de l'Indus. Ce fleuve, qui prend sa source dans les Himalayas, et qui coule vers l'ouest dans l'océan Indien, ne fournit pas seulement de l'eau de surface, mais recharge aussi les aquifères qui alimentent les puits d'irrigation qui parsèment la campagne pakistanaise. En face d'une demande en eau croissante, il commence aussi à s'assécher dans ses parties les plus basses. Le Pakistan, avec une population qui atteindra probablement 305 millions d'habitants avant 2050, a des problèmes. En Asie du Sud Est, le débit du Mékong est réduit par les barrages construits par les chinois sur les parties supérieures de son cours. Les pays en aval, incluant le Cambodge, le Laos, la Thaïlande, et le Viêt-nam (des pays avec 168 millions d'habitants) se plaignent du débit réduit du Mékong, mais cela a peu contribué à réduire les efforts de la Chine pour exploiter l'énergie et l'eau du fleuve. Le même problème existe avec le Tigre et l'Euphrate, qui ont leur source en Turquie et coulent à travers la Syrie et l'Irak pour déboucher dans le golfe Persique. Ce système de fleuves, site des sumériens et d'autres civilisations antiques, est trop utilisé. De grands barrages en Turquie et en Irak ont réduit le débit d'eau du jadis “croissant fertile,” contribuant à détruire plus de 90 pour cent des vastes marécages originaux qui ont enrichi la région du delta. Dans les systèmes fluviaux que nous avons mentionnés, virtuellement toute l'eau du bassin est utilisée. Inévitablement, si des personnes utilisent plus d'eau en amont , ceux qui sont en aval en auront moins. Comme les demandes continuent de croître, équilibrer la demande et l'offre d'eau est impérative. Ne pas y parvenir signifie que le niveau des nappes continuera à descendre, de plus en plus de fleuves s'assécheront, et davantage de lacs et de zones marécageuses disparaîtront. # # # Adapté du chapitre 3, “Manque d'eau émergent ” du livre de Lester R. Brown, Plan B 2.0: Rescuing a Planet Under Stress and a Civilization in Trouble (New York: W.W. Norton & Company, 2006), disponible gratuitement en ligne sur www.earthpolicy.org/Books/PB2/index.htm Le prochain extrait du livre Plan B 2.0 sera consacré à la réduction de la consommation d'eau urbaine Informations et données complémentaires: www.earthpolicy.org
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