J’utilise une approche
chronologique :
- les étapes importantes qui mènent au dossier de
design
- la mise en œuvre du design
- le suivi et l’amélioration du design
Ce qui est évoqué dans ces pages
n’aurait pas la prétention de remplacer les processus
OBREDIMO ou SADI, mais d’expliciter ma démarche de
design.
L’intention de départ
Tout design débute par une envie, une volonté, une
intention. Que ce soit un design pour mon lieu de vie
ou celui d’une autre personne, il est utile de
questionner les croyances (représentation du monde ou
worldview) et les valeurs (système de décision
personnel) qui influencent le projet.
Un ensemble d’informations sont
généralement transmises au départ, lors du premier
contact. Après les avoir consignées, je programme une
interview client.
Cet interview permet de lister les
objectifs du projet, et d’explorer les moyens associés
(ressources diverses) pour réussir à le mettre en
œuvre. Ce calage en amont est essentiel : il permet de
bien cadrer les choses et évite nombre de malentendus
ensuite.
Observation
L’acronyme OBREDIMO nous enseigne que la première
étape d’un design est l’’observation. Je préfère
rencontrer le client avant de me rendre sur le site
pour observer.
On programme ensuite une visite du
site. Je fais une première visite en adoptant un
regard ouvert : configuration du lieu, bordures,
topographie, terre, eau, ressources présentes sur le
lieu, observation des plantes spontanées (plantes
bio-indicatrices pour affiner le paramètre du sol). Je
note les points importants et photographie les
éléments remarquables.
Documentation
Je complète ensuite les informations recueillies sur
le terrain par des relevés sur place si c’est
nécessaire. Je recherche alors les cartes, les
informations sur le site et ses environs pour bien
situer le contexte. A ce stade je commence à établir
une liste des ressources disponibles que je complète
par une liste des productions / fonctions souhaitées
sur le site.
Je valide aussi avec le commanditaire
les principes directeurs déduits des étapes
précédentes. Ces principes directeurs permettent
d’élaborer une stratégie de conception, qui indique
les méthodes à privilégier pour le projet ; et donne
des indications temporelles.
L’étude du (des) système(s)
La liste des éléments présents qu’il est souhaitable
de conserver et la liste des éléments possibles pour
réaliser les fonctions souhaitées conduisent au design
fonctionnel. Dans cette étape, au travers de l’analyse
des éléments clés (besoins, produits et comportements,
caractéristiques intrinsèques), il est possible
d’établir des connexions entre les éléments pour que
les produits de certains éléments répondent aux
besoins d’autres.
En parallèle, sachant que cette étape
est plus ou moins approfondie selon les objectifs du
donneur d’ordre, j’effectue une étude de soutenabilité
pour envisager le design permaculturel comme une
réponse au 5 enjeux principaux, voir sur :
http://ftp.semisauvages.net//ANNEXES
DPA/11-ENVIRONNEMENT/5-enjeux.pdf
et de résilience (selon les critères de diversité, de
réactivité et d’autonomie).
Pour les projets d’une certaine
envergure, une approche multidimensionnelle croise :
- Technique
- Temps
- Patterns
- Systèmes
- Espèces, guildes
Méthodes de design en
permaculture
La première méthode que j’utilise est le design des
caractéristiques clés du site, en intégrant dans
l’ordre :
- l’eau
- les accès
- les structures
- les secteurs
- les zones
- les facteurs limitants
Les informations relatives à ces aspects sont placés
sur des calques séparés permettant de les visualiser
séparément et en combinaison.
Pour compléter cette première représentation du
design, j’’étudie le système avec une approche des
flux :
- flux de travail
- flux de vie
NB : les flux d’énergie sont intégrés dans l’étude des
secteurs.
En complément du design fonctionnel
évoqué plus haut, le design intégratif étudie
l’inter-connectivité des éléments dans un système
donné. Les produits d’un élément fournissent les
besoins d’un autre élément pour minimiser les déchets,
obtenir une grande efficacité et réduire la charge de
travail.
Pour approfondir l’étude de
soutenabilité, il peut être judicieux de faire
l’analyse de l’empreinte écologique.
De même, pour les sites ayant une
topographie variable, la vue en coupe (ou plan en
élévation) complète utilement cette approche.
Enfin, la méthode d’exclusion de
McHarg permet de trouver l’implantation d’un élément
ou système en excluant tous les endroits où il ne peut
se placer. Pour ce faire on exclue les endroits trop
proches des zones résidentielles, des forêts, à forte
densité de faune et de flore sauvage, de marécages, ou
encore nécessitant des accès onéreux (routes ou
ponts).
Créativité
La créativité est une séquence que je trouve
incontournable en complément des méthodes évoquées
ci-dessus, car :
La logique vous mènera d’un point A à
un point B. L’imagination vous emmènera où vous
voulez.
Albert Einstein
La créativité est le réel booster du
design. J’utilise des techniques de créativité pour
guider l’action de mon cerveau gauche et l’intuition,
le feeling pour mon cerveau droit. Ainsi, dans une
optique de travail à «cerveau total», le design
permaculturel m’apparaît comme une activité cérébrale
complète.
En complément, j’utilise dans cette
phase de créativité les principes de permaculture pour
faire de la créativité guidée et compléter la liste
des idées. Cette liste est ensuite épurée pour
éliminer les doublons et ce qui ne cadre pas avec les
objectifs et les ressources.
Représentation du design
La représentation du design est l’aboutissement des
travaux d’étude et de créativité utilisés. Elle se
compose d’une illustration composée de calques isolant
les niveaux d’information et permettant de les
combiner entre eux. Ces calques font l’objet d’une
hiérarchisation basée sur leur ordre d’implantation et
leur niveau d’irréversibilité :
- l’eau
- les accès
- les structures fixes
- les flux d’énergie
Ces représentations graphiques se complètent par un
dossier informatif regroupant les informations utiles
au projet, les recommandations, l’organisation
envisagée en termes de ressources et de planning.
Mise en œuvre du design
Pour un projet de design donné, il existe un vaste
ensemble de possibilités. Au cours de l’étape de
conception, un part de subjectivité oriente la
formalisation retenue. Même si l’étude a été
approfondie et que le dossier de design est très
détaillé, lors de la mise en œuvre, on ajoute un
niveau de complexité lorsque l’abstrait se confronte
au réel : chaque solution sur le papier a plusieurs
traductions possibles sur le terrain, en fonction des
critères de décision principaux.
Des imprévus surgissent, auxquels il
faut s’adapter ... parfois dans l’improvisation
intuitive, souvent avec une recherche complémentaire.
La productivité d’un système est
illimitée. Les seules limites sont l’information et
l’imagination.
Ce principe, énoncé par Bill Mollison, nous enseigne
que les possibilités de mise en œuvre sont vastes.
Elles suivent bien sûr la chronologie établie par le
planning, mais en cours de route les surprises, aléas,
omissions, solutions optimisées apparaissent, et il
est judicieux de ne pas s’enfermer dans une
programmation trop rigide.
Amélioration du design
Une fois le design établi et implanté, vient la phase
de maintenance et d’amélioration pendant laquelle il
s’agit d’effectuer :
-l’observation et le suivi
-la résolution des problèmes détectés
Si le design n’englobe pas tous les domaines
d’application de la permaculture, il est utile dans la
phase d’amélioration de procéder, si c’est possible en
termes de volonté du donneur d’ordre, d’étendre le
design aux autres champs d’application décrits par la
fleur permaculturelle.
Si la phase de design a ommis
l’exploration du site en termes de résilience, il
n’est jamais trop tard !
L’ éthique de la permaculture
L’éthique de la permaculture encadre la totalité du
processus de design : à chaque étape je fais un bilan
sous l’angle de l’éthique permaculturelle. L’éthique
peut se voir comme les fondations : si elles ne sont
pas bien ancrées, la construction sera probablement
bancale. Pour moi, se référer régulièrement à
l’éthique de la permaculture, me permet de savoir si
le projet de design avance dans la bonne direction.
Philosophiquement
Permaculture is a philosophy of working with,
rather than against nature; of protracted and
thoughtful observation rather than protracted and
thoughtless labour; and of looking at plants and
animals in all their functions, rather than treating
any area as a single product system.
La permaculture est une philosophie consistant à
travailler avec la nature plutôt que contre elle, à
observer longuement et attentivement plutôt que
travailler longuement sans y réfléchir ; et de voir
toutes les fonctions des plantes et des animaux,
plutôt que d’envisager chaque endroit comme un système
à produit unique.
Bill Mollison
La joie de pratiquer la permaculture
vient selon moi de l’adéquation à une éthique simple
et juste, d’avoir une vision intégrale de la notion de
soutenabilité. Cette philosophie concrète permet de
recréer des systèmes régénératifs et résilients.
L’aspect Zen du design m’apparaît sous
deux directions. Il faut être dans un état détendu
réceptif, concentré dans la plupart des étapes du
processus de design. Et de façon complémentaire, la
pratique du design a un effet apaisant. La raison que
j’entrevois est que l’activité cérébrale à «cerveau
total» évoquée plus haut a un effet relaxant et
énergisant.
Aujourd’hui, la pratique du design a
aussi beaucoup de sens si on se situe dans une
perspective historique des enjeux écologiques. En
résumé, il est intellectuellement satisfaisant de se
sentir faire partie de la solution plutôt que du
problème.
Je conclus avec une dernière citation :
Permaculture is the conscious design and
maintenance of agriculturally productive ecosystems
which have the diversity, stability, and resilience
of natural ecosystems. It is the harmonious
integration of landscape and people providing their
food, energy, shelter, and other material and
non-material needs in a sustainable way.
La permaculture est le design conscient et la
maintenance d’écosystèmes culturaux productifs qui ont
la diversité, la stabilité et la résilience des
écosystèmes naturels. C’est l’intégration harmonieuse
des paysages et des gens produisant leur nourriture,
leur énergie, leur habitat et leurs autres besoins
matériels et non-matériels d’une façon soutenable.
Geoff Lawton
Rédigé par Marc Zischka, Semis
Sauvages.
Pour voir la carte mentale qui
résume ce texte, rendez-vous sur cette
page.
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