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56 - UNE MEILLEURE SANTE POUR TOUS

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Earth Policy Institute,
Mars 2009

UNE MEILLEURE SANTE POUR TOUS

texte original :
http://www.earthpolicy.org/Books/Seg/PB3ch07_ss4.htm

Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka

Assurer un système de soins médicaux élémentaires pour les habitants des pays à faibles revenus est crucial pour atteindre l'un des objectifs du Plan B : celui d’éradiquer la pauvreté et de stabiliser la population. Alors que les maladies cardiaques et le cancer (en majorité les maladies de l'âge), l'obésité, et le tabagisme sont au cœur des questions de santé des pays industrialisés ; les maladies infectieuses sont la préoccupation prédominante dans les pays en développement en matière de santé. A coté du SIDA, les principales maladies inquiétantes sont la diarrhée, les maladies respiratoires, la tuberculose, la malaria, et la rougeole. La mortalité infantile est élevée.

L’un des progrès dans l'atteinte des “ Objectifs du Millénaire pour le Développement" des Nations Unies, qui est de réduire la mortalité infantile de deux tiers en 2015 prend un sérieux retard. En 2005, seulement 32 des 147 pays en développement étaient en passe d'atteindre cet objectif. Dans 23 pays, la mortalité infantile est soit restée stable, soit a augmenté. Et seulement 2 des 35 pays jugés fragiles par la Banque Mondiale sont en passe d'atteindre cet objectif d'ici 2015.

En même temps que l'éradication de la faim, il est essentiel, pour améliorer la santé de tous d’assurer un approvisionnement en eau sûr et fiable pour les environ 1,1 milliard de personnes qui en manquent. C’est essentiel pour améliorer la santé de tous. La solution réaliste pour beaucoup de villes aujourd’hui peut être maintenant d'éviter les efforts de construction des systèmes coûteux d’assainissement à base d'eau pour évacuer et traiter les eaux d'égout, et d'opter à la place pour les systèmes d'évacuation des déchets sans eau, qui ne dispersent pas les microbes pathogènes. Ce changement aiderait à alléger la pénurie d'eau, à réduire la diffusion des agents vecteurs de maladie par les réseaux d’eau, et à contribuer à fermer le cycle des nutriments : une situation gagnant-gagnant.

Un des progrès en terme de santé les plus impressionnants est venu d'une campagne lancée par une petite association pionnière au Bangladesh, BRAC, qui a enseigné à chaque mère du pays comment préparer une solution orale de ré hydratation pour traiter la diarrhée à la maison, en ajoutant simplement du sel et du sucre à l'eau. BRAC a réussi à réduire nettement les décès infantiles de nourrissons et d'enfants dus à la diarrhée, dans un pays qui était densément peuplé, misérable, et où le niveau d’instruction est faible.

Au vu de cet important succès, l'UNICEF a adopté le modèle de BRAC, pour son programme mondial de traitement de la diarrhée. Cette administration globale d'une technique remarquablement simple de ré hydratation orale a été extrêmement efficace, : réduisant les décès de la diarrhée chez des enfants, de 4,6 millions en 1980 à 1,6 million de 2006. Peu d'investissements ont sauvé tant de vies à un coût aussi bas.

La guerre contre les maladies infectieuses est menée sur un large front. Aujourd’hui, l'activité humanitaire majeure financée par le privé dans le monde est peut-être le programme de vaccination infantile. Dans un effort pour combler les manques dans ce programme global, la fondation Bill et Melinda Gates a investi plus de 1,5 milliards de dollars en 2006, pour protéger des enfants contre des maladies infectieuses telles que la rougeole. Un investissement supplémentaire pourrait aider les nombreux pays qui ne peuvent pas payer les vaccins pour les maladies infantiles et qui prennent du retard dans leurs programmes de vaccination. Manquant d’argent pour investir aujourd'hui, ces pays paieront un prix bien plus élevé demain. Il y a peu de situations comparables, où l’investissement de seulement quelques centimes dépensés par enfant, peut faire autant de différence que les programmes de vaccination.

Une des heures de gloire de la communauté internationale est venue avec l'éradication de la variole, un effort mené aux Nations Unies par l'organisation mondiale de la santé (OMS). L’élimination réussie de cette maladie redoutée, qui a exigé un programme mondial de vaccination, épargne non seulement des millions des vies, mais économise également des centaines de millions de dollars tous les ans dans les programmes de vaccination contre la variole, et des milliards de dollars dans des dépenses de soins de santé. Cette réussite à elle seule justifie l'existence des Nations Unies.

De même, une coalition internationale dirigée par l'OMS a engagé une campagne mondiale pour éliminer la poliomyélite, une maladie qui a estropié des millions d'enfants. Depuis 1988, Rotary International a apporté une contribution extraordinaire de 600 millions de dollars à cette action. Grâce à cette coalition sponsorisée appelée Global Polio Eradication Initiative (l'initiative mondiale d'éradication de la polio, ndlt), le nombre de cas de poliomyélite dans le monde a chuté de quelques 350 000 cas par an en 1988 à moins de 800 en 2003.

Malheureusement l’avancée de la lutte contre la poliomyélite rencontre désormais des difficultés. A la mi 2003, des chefs religieux au nord du Nigeria ont commencé à s'opposer au programme de vaccination au motif que c'était un complot pour répandre le SIDA et la stérilité. En conséquence, le nombre de cas de poliomyélite au Nigeria a rapidement augmenté, triplant au cours des trois années suivantes. Pendant ce temps, les musulmans nigériens faisant leur pèlerinage annuel à Mecque ont pu répandre la maladie, la faisant réapparaître dans quelques pays, tels que l'Indonésie, le Tchad, et la Somalie, où la poliomyélite avait disparu. En 2008 plus de 1 600 cas ont été recensés dans le monde entier, et actuellement la poliomyélite est toujours endémique dans quatre pays : Le Nigeria, l'Inde, le Pakistan, et l'Afghanistan.

Un des exemples de succès les plus remarquables en matière de santé est la quasi éradication de la maladie du ver de Guinée, une campagne globale lancée par les centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis (Centers for Disease Control and Prevention, CDC) en 1980, aujourd’hui dirigée par l'ancien président des États-Unis Jimmy Carter et le Centre Carter. Ces vers, dont les larves sont ingérées en buvant l'eau non filtrée des lacs et des fleuves, grandissent dans le corps d'une personne, atteignant parfois plus de soixante centimètres de longueur, et sortent ensuite lentement par la peau, une épreuve très douloureuse et débilitante qui peut durer plusieurs semaines. Cette campagne globale a réduit le nombre de personnes infectées par le ver de 3,5 millions en 1986 à 25 217 cas en 2006, une baisse stupéfiante de 99 pour cent.

Quelques-unes des causes principales de mort prématurées principales sont liées au mode de vie, comme le tabagisme. L'OMS estime que 5,4 millions de personnes sont mortes en 2005 des maladies liées au tabac, c’est à dire plus que les morts provenant de n’importe quelle simple maladie infectieuse. Il y a aujourd'hui quelques 25 menaces sur la santé connues liées à l'utilisation de tabac, dont la maladie cardiaque, l'attaque cérébrale, les maladies respiratoires, et beaucoup de formes de cancer. La fumée de cigarette tue plus de personnes tous les ans que tous autres polluants atmosphériques réunis : plus de 5 millions contre 3 millions.

Des progrès impressionnants ont été accomplis pour réduire le tabagisme. Après un long siècle qui a construit l'habitude de fumer, le monde se détourne des cigarettes, notamment grâce au Tobacco Free Initiative (Initiative de Libération du Tabac, ndlt) de l'OMS. Ceci s'est encore accéléré quand la convention-cadre sur le contrôle du tabac (Framework Convention on Tobacco Control), le premier accord international à traiter entièrement un problème de santé, a été adoptée à l'unanimité à Genève en mai 2003. Le traité réclame, entre autres, l'augmentation des impôts sur les cigarettes, la limitation du tabagisme dans les lieux publics, et l’affichage sur les paquets de cigarettes d’avertissements forts concernant les risques sur la santé.

De manière ironique, le pays où le tabac est né, conduit maintenant le monde à s’en détourner. Aux Etats-Unis, le nombre moyen de cigarettes fumées par personne a chuté de son pic de 2 814 en 1976 à 1 225 en 2006, un déclin de 56 pour cent. Dans le monde, où la diminution est en retard sur les Etats-Unis d'une douzaine années, l'utilisation a baissé, de son plus haut historique de 1 027 cigarettes fumées par personne en 1988 à 859 en 2004, une chute de 16 pour cent. La couverture médiatique des effets du tabagisme sur la santé, les avertissements de santé obligatoires sur les paquets de cigarette, et les fortes hausses des taxes sur la vente de cigarettes ont contribué au déclin régulier. En effet, le tabagisme chute dans presque tous les principaux pays consommateurs de cigarettes, y compris des bastions tels que la France, la Chine, et le Japon.

Après l'adoption de la convention-cadre en 2003, un certain nombre de pays ont pris des mesures fortes pour réduire le tabagisme. L'Irlande a imposé une interdiction dans tout le pays du tabagisme dans les lieux de travail, les bars, et les restaurants. L'Inde a interdit le tabagisme dans les lieux publics. La Norvège et la Nouvelle Zélande ont interdit le tabagisme dans les bars et les restaurants. Le Bhoutan, un petit pays de l'Himalaya serré entre l'Inde et la Chine, a complètement interdit les ventes de tabac. Plus récemment, l'Angleterre a interdit le tabagisme dans les lieux de travail et les lieux publics fermés, et la France a progressivement introduit une interdiction semblable.

Avec une vison plus large, une étude de l'OMS de 2001 analysant les aspects économiques des soins de santé dans les pays en voie de développement a conclu que fournir les services de soins de santé les plus fondamentaux, du type de ceux qui pourraient être fournis dans un dispensaire au niveau du village, demanderait en moyenne des dons d'une moyenne de seulement 33 milliards de dollars par an. Ces 33 milliards de dollars couvrent non seulement les services de base, mais aussi le financement du Fond Global pour combattre le SIDA, la tuberculose et la malaria, et la généralisation des vaccinations infantiles universelles. Un tel effort rapporterait d'énormes avantages économiques pour les pays en voie de développement et pour le monde dans son ensemble.

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Adapté du chapitre 7, “ Eradiquer la pauvreté, stabiliser la population, ” du Plan B 3.0 : Mobiliser pour sauver la civilisation de Lester R. Brown (New York: W.W. Norton & Company, 2008), disponible en téléchargement gratuit et à l'achat sur http://www.earthpolicy.org/index.php?/books/pb3

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