49 - PLANTER DES ARBRES ET GERER LES SOLS POUR SEQUESTRER DU CARBONE |
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Earth Policy Institute PLANTER DES ARBRES ET GERER LES SOLS POUR SEQUESTRER DU CARBONE Lester R. Brown, traduit par Frédéric Jouffroy texte original:
Depuis 2007, la déforestation dans les régions tropicales a provoqué l’émission de 2,2 milliards de tonnes de carbone par an. Dans le même temps, la reforestation dans les régions tempérées a absorbé 0,7 milliards de tonnes de carbone par an. Au total, c’est quelque 1,5 milliards de tonnes de carbone qui sont relâchées dans l’atmosphère chaque année, contribuant au réchauffement climatique. Bien que l’interdiction de déforester puisse sembler irréaliste, des raisons environnementales ont poussé trois pays (Thaïlande, Philippines et Chine) à mettre en en œuvre des interdictions totales ou partielles d’exploitation forestière. Ces trois interdictions furent toutes imposées à la suite d’inondations et de coulées de boues dévastatrices résultant de la perte du couvert forestier. Après avoir subi des pertes record dues à plusieurs semaines d’inondations ininterrompues dans le bassin du fleuve Yangtze, Pékin a constaté, en considérant la politique forestière, non pas du point de vue de l’exploitant forestier individuel, mais de celui de la société dans son ensemble, que cela n’avait simplement pas de sens, du point de vue économique, de continuer à déforester. Le service rendu de régulation des inondations valait, d’après eux, trois fois le bois issu des coupes d’arbres. Avec ceci en tête, Pékin prit la mesure peu commune de payer les exploitants forestiers pour qu’ils deviennent des planteurs d’arbres, pour reforester au lieu de déforester. Les autres pays défrichant d'importantes surfaces boisées seront aussi confrontés aux effets environnementaux de la déforestation, y compris les inondations. Si la forêt équatoriale Amazonienne du Brésil continue à se réduire, elle peut aussi continuer à se dessécher, devenant vulnérable au feu. Si la forêt Amazonienne disparaît, elle sera largement remplacée par le désert et les broussailles. La capacité de la forêt équatoriale à retenir l’eau vers l’intérieur du pays, y compris vers les zones agricoles du sud seront perdues. A ce moment là, une calamité environnementale locale à évolution rapide deviendrait un désastre économique, et parce que la combustion de l’Amazone relâcherait des milliards de tonnes de carbone dans l’atmosphère, cela accélérerait le réchauffement global. De la même manière que les préoccupations nationales relatives aux effets de la poursuite de la déforestation éclipsent finalement les intérêts locaux, l’intérêt global commence maintenant à prendre le pas sur les intérêts nationaux car la déforestation est devenu un des facteurs majeurs du réchauffement climatique. La déforestation n’est plus seulement une cause d’inondations locales, mais aussi d’augmentation du niveau des mers à l’échelle de la planète, et des nombreux autres effets du changement climatique. La nature a fait grimper l’enjeu de la protection des forêts. Atteindre l’objectif de zéro déforestation nette exigera de réduire les pressions entraînant la déforestation venant de l’accroissement de la population, de l’augmentation du niveau de vie, de la construction de distilleries d’éthanol et de raffineries de bio-diesel, et de l’utilisation en croissance rapide du papier. Protéger les forêts de la terre veut dire arrêter la croissance démographique dès que possible, et pour les habitants riches de la planète qui sont responsables de la demande croissante en bœuf et soja qui déforestent le bassin de l’Amazone, cela veut dire redescendre dans la chaîne alimentaire. Une interdiction de déforester couronnée de succès peut exiger l’interdiction de construire de nouvelles raffineries de bio-diesel et distilleries d’éthanol. Sur cette toile de fond de préoccupations grandissantes concernant les relations entre forêt et climat, une importante société suédoise du secteur de l’énergie, Vattenfall, a étudié le potentiel à large échelle de reforestation des terres à l’abandon, pour séquestrer du dioxyde de carbone. Ils ont commencé en constatant qu’il y a 1,86 milliards d’hectares de terres dégradées dans le monde, terres qui furent autrefois des forêts, destinées à la culture ou des prairies, et que la moitié de cette surface soit 930 millions d’hectares a une chance convenable d’être réhabilitée avec profit. Près de 840 millions d’hectares de ce total se situent dans les régions tropicales, où la réhabilitation entraînerait des taux bien plus importants de séquestration de carbone De nombreuses pratiques agricoles peuvent aussi accroître la quantité de carbone stocké comme matière organique dans les sols. Les pratiques fermières qui réduisent l’érosion des sols et augmentent la productivité des récoltes conduisent aussi habituellement à des concentrations plus élevées de carbone dans les sols. Parmi celles-ci, il y a le passage du labourage conventionnel au labourage minimum ou à sa suppression, l’usage accru des cultures de protection, le retour complet du fumier de bétail ou de volailles sur les terres, l’expansion des zones irriguées, un retour à une agriculture plus combinée moissons-élevage, et la reforestation des terres à faible rendement. Ratan Lal, un agronome très expérimenté du Centre de Gestion et Séquestration de Carbone de l’Université de l’Ohio a calculé l’éventail des potentiels de séquestration de carbone pour chacune des nombreuses pratiques disponibles, comme celles citées ci-dessus. Par exemple, étendre l’utilisation des cultures de protection pour préserver le sol à l’intersaison peut stocker de 68 millions à 338 millions de tonnes de carbone à l’échelle mondiale chaque année. Le total calculé de séquestration de carbone pour les pratiques qu’il cite, montre un potentiel de séquestration annuel de 400 millions de tonnes au minimum, et de 1,2 milliards de tonnes dans l’hypothèse la plus optimiste. Pour notre budget carbone nous prenons l’hypothèse, peut-être conservatrice, que 600 millions de tonnes de carbone peuvent être séquestrées par l’adoption de ces pratiques ‘carbo-sensibles’ de fermage et de gestion des terres. # # # Adapté du Chapitre 8, "Restoring the Earth" ("Restaurer la Terre", ndlt) du Plan B 3.0 : Mobilizing to Save Civilization (Se Mobiliser pour sauver la civilisation, ndlt) de Lester Brown (New York: W.W. Norton & Company, 2008), disponible en téléchargement gratuit et à l'achat sur:
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