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19 - LE PERE NOEL EST CHINOIS

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Earth Policy Institute, mise à jour Eco-économie
Pour diffusion immédiate, le 18 décembre 2007

L’an dernier à la même époque, nous avons publié une mise à jour intitulée “le Père Noël est chinois,” qui a suscité beaucoup d’ intérêt. Comme peu de choses ont changé nous pensions que vous aimeriez la revoir pendant cette saison de vacances.

LE PERE NOEL EST CHINOIS
- Ou -
Pourquoi la Chine monte et les Etats-Unis déclinent

http://www.earth-policy.org/Updates/2006/Update62.htm

Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka

Je sais que le père Noël est chinois parce que le matin de Noël, après que tous les cadeaux aient été déballés et que les choses se calment, je fais une revue systématique des cadeaux et regarde où ils ont été faits. Les résultats sont systématiquement les mêmes: en gros 70 pour cent viennent de Chine. Après un peu de recherche, il semble que mon enquête portant sur une seule famille est représentative du pays dans son entier.

Commençons avec les jouets. Quelques 80 pour cent des jouets vendus aux Etats-Unis (des poupées Barbie aux jeux video) sont faits Chine. Des jouets qui parlent l’anglais l'ont appris des travailleurs chinois. Les produits électroniques (de l’iPod d’ Apple à la Xbox de Microsoft) sont fabriqués en Chine. L’habillement (des derniers pulls en cachemire aux survêtements ) ont aussi une chance d’avoir le label “Made in China”.

L’arbre de Noël lui même peut venir de Chine. Tandis que de vrais arbres de Noël sont cultivés dans chaque état des Etats-Unis et sont vendus localement, de nombreuses familles se retrouvent autour d’arbres de Noël artificiels. Huit arbres de Noël artificiels sur 10 vendus aux Etats-Unis sont fabriqués en Chine. L’an dernier, les américains ont dépensé plus de 130 millions de dollars en arbres de Noël en plastique de Chine.

Cette année les américains dépenseront plus de 1 milliard de dollars en décorations de Noël venant de Chine. Et ce qui constitue la plus grande ironie, c’est sans doute que des crèches présentant les scènes de la nativité sont faites en Chine. L’an dernier les américains ont dépensé plus de 39 millions de dollars en scènes de la nativité envoyées depuis l’Est. Le succès de la Chine à attirer des capitaux d’ investissement étrangers et mobiliser cette force de travail immense en a fait l’atelier du monde.

Que le Noël américain soit fait en Chine est une métaphore pour nombre d’autres sujets économiques plus profonds affectant les Etats-Unis. Aujourd’hui Noël est célébré à la fois aux Etats-Unis et en Chine (mais pour des raisons différentes et avec des conséquences économiques fort différentes). Pour les chinois, cette aubaine de fabrication signifie des bénéfices records, des revenus en hausse, et, dans une société où les gens économisent 40 pour cent de leur revenu, un grand saut dans l’épargne. Aux Etats-Unis, les dépenses des achats de Noël, dépassés cette année par un nouveau record contribue à une hausse de la dette de la carte de crédit et un déficit commercial qui s’envole.

Au dessous de l’esprit américain de Noël de bonne joie se trouve une société chargée de dettes qui apparaît avoir perdu son chemin, empêtrée dans les sables mouvants du consumérisme.
En tant que société, nous semblons avoir oublié comment faire des économies pour investir dans un futur meilleur. Au lieu de laisser à nos enfants un futur économique prometteur, nous leur léguons une plus grosse dette que n’importe quelle autre génération dans l’histoire.

Au niveau personnel, la dette de la carte de crédit continue à augmenter, et au niveau du gouvernement, nous avons le plus grand déficit budgétaire de l’histoire. Au niveau international, nous avons un déficit commercial qui dépasse ses records mois après mois.

Ce n’est pas le fait que Noël soit fait Chine, mais plutôt que la mentalité qui a conduit à cela qui est dérangeante. Nous voulons consommer à tout prix. Nous voulons dépenser maintenant et laisser nos enfants payer. C’est cette même mentalité qui introduit des baisses de taxes pendant que l’on finance une guerre coûteuse. Le sacrifice économique ne fait plus partie de notre vocabulaire. Après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, le président Roosevelt a interdit la vente de voitures privées pour mobiliser la capacité de production et les compétences des ingénieurs de l’industrie automobile pour construire des tanks et des avions. En contraste, après le 11 septembre le président Bush nous a pressé d’aller faire des courses.

Aux Etats-Unis nous avons tellement l’intention de consommer que les économies personnelles ont virtuellement disparues. Nous avons en moyenne cinq cartes de crédit par homme, femme et enfant. Des 145 millions de détenteurs de cartes, seulement 55 millions équilibrent leurs comptes tous les mois. Les autres 90 millions ne semblent pas en mesure de le faire et payent des taux d’intérêt élevés sur leur budget restant. Des millions de personnes sont tellement qu’elles risquent d’être endettées pour la vie.

La dette nationale officielle, le produit d’années de déficits budgétaires, se chiffre maintenant à 8 500 milliards de dollars (quelques 64 000 dollars par contribuable. (Voir les données sur www.earthpolicy.org/Updates/2006/Update62_data.htm.) Au terme de l’administration Bush en 2008, ce chiffre risque d’atteindre un renversant 9 400 milliards. Nous creusons un trou noir budgétaire et nous y enfonçons de plus en plus profondément.

Chaque mois, le trésor couvre le déficit budgétaire en vendant des obligations. Les deux plus grands acheteurs internationaux d’obligations du trésor américain sont le Japon et la Chine. Dans ce rôle, la Chine devient donc maintenant aussi notre banquier. Ce pays en développement, où les niveaux de revenus sont six fois inférieurs à ceux des Etats-Unis, financent les excès d’une société industrielle nantie. Qu’y a t’ il de mauvais dans cette image?

Dans des temps passés, quand nos déficits budgétaires étaient largement couverts par les prêteurs américains, les paiements d’intérêts sur la dette étaient réinvestis aux Etats-Unis. Maintenant ils s’échappent à l’étranger au Japon, en Chine, et autres détenteurs étrangers de dette américaine.

Pendant que le déficit budgétaire américain se creuse, entraîné en partie par la guerre en Irak, il s’élève à des niveaux stratosphériques, le pays fait face à un challenge fiscal dû au fait que la génération des baby boomers part en retraite, élevant les coûts de la sécurité sociale, Medicaid, et Medicare. cela, combiné aux paiements croissants des intérêts de notre dette à la Chine et aux autres pays, mettra une charge fiscale impossible sur la prochaine génération (quelque chose pour laquelle ils ne nous pardonneront jamais).

Le déficit commercial américain grandit par sauts et par bonds, ayant presque doublé de 452 milliards de dollars en 2000 à un 850 milliards de dollars estimés en 2006. Des importations de pétrole croissantes et le déficit commercial avec la Chine en représentent plus de la moitié.

Les manquements de la politique nationale comme ne pas supporter de manière adéquate l’utilisation de technologies d’énergies renouvelables ont contribué au déficit commercial croissant américain. Par exemple, les Etats-Unis devraient être un fabricant et un exportateur leader de panneaux solaires et d’éoliennes, mais ils sont tombés derrière l’Europe et le Japon. La cellule solaire, inventée aux Laboratoires Bell en 1954, est une technologie Américaine. Mais les efforts pour développer l’énergie solaire était si faible et sporadique que le Japon et l’Allemagne ont pris la tête et ont développé des industries de fabrication et d’exportation de panneaux solaires robuste.

La situation est similaire avec le vent. Même l’industrie moderne du vent est née en Californie au début des années 1980, mais le manquement américain à poursuivre l’aide au développement de la ressource éolienne ont permis aux pays européens de reprendre largement cette industrie.

Même si les importations croissantes de pétrole aggravent notre déficit commercial, nous consommons le pétrole avec abandon, affaiblissant l’économie et minant notre indépendance politique.

Nous avons perdu de l’influence sur les marchés financiers mondiaux simplement à cause de notre dette montante, dont la plupart est détenue par d’autres pays. Si les dirigeants chinois devenaient convaincus que le dollar est continûment poussé vers le bas, et qu’ils décident de vider leurs avoirs en dollars, le dollar pourrait s’effondrer.

Endettés envers d’autres pays pour le pétrole et pour financer leur dette, les Etats-Unis perdent rapidement leur leadership dans le monde. La question à laquelle nous faisons face n’est pas simplement si Noël est fait en Chine, mais plus fondamentalement si nous pouvons restaurer la discipline et les valeurs qui ont fait de nous une grande nation (une nation que le monde a admiré, respecté, et imité). Ce n’est pas quelque chose que le père Noël peut apporter, même pas un père Noël chinois. C’est seulement quelque chose que nous pouvons faire.

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Information complémentaire: www.earthpolicy.org

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