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1er mars 2013 Le Peak Oil Depuis, nous aurions pu affronter le problème, mais on préfère ne pas inquiéter la population, et en coulisses la ruée vers les combustibles fossiles "non conventionnels" a débuté. Il semble que la progression de la production se soit arrétée et que nous sommes à présent sur un plateau... combien de temps encore ? Pour comprendre pourquoi l'événement de la redescente du plateau est imminent, il faut adopter un regard global sur la situation de l'exploitation pétrolière, qui est la première source d'énergie mondiale, couvrant 40% des besoins énergétiques mondiaux, beaucoup plus dans les pays développés. Cette demande de pétrole mondiale augmente. Face à l'incapacité des pays développés à se sevrer du pétrole, s'ajoutent les besoins énergétiques croissants de pays fortement peuplés comme l'Inde ou la Chine. Le peak oil peut aussi se comprendre en regardant la situation de certains pays. Les Etats-Unis, premiers consommateurs de pétrole, engloutissent un quart de la production mondiale, alors qu'ils ne représentent que 4,5 % de la population. Les Etats-Unis ont connu leur Peak Oil en 1970 alors qu’ils étaient le premier producteur mondial, avec une production de 3,5 milliards de barils. En 2007, cette production est descendue sous le niveau de 2 milliards de barils atteint en 2004. Le Peak Oil avait précisément été prédit en 1956 par un géophysicien travaillant pour Shell, Marion King Hubbert. Il a mis en évidence l'allure parallèle des courbes de découverte des champs pétroliers et celles de l'extraction aux Etats-Unis, montrant que la première avait atteint un maximum en 1935. Cela lui a permis de prédire le Peak Oil aux Etats-Unis en 1971, prévision qui s'est révélée juste mais qui n'a pas été entendue en son temps. Malgré des investissements massifs dans les capacités d’extraction, des pays producteurs autres que les Etats-Unis ont atteint leur Peak Oil : le Venezuela en 1970, L'Iran en 1974, le Royaume-Uni en 1999. Cela parce que de moins en moins de champs pétroliers sont découverts. Et ceux qui sont découverts sont de plus en plus petits. Les gisements de la Mer du Nord découverts en 1969 seront probablement épuisés en 2020. Les réserves pétrolières mondiales sont d’ailleurs certainement surévaluées depuis la fin des années 1980. En effet, en 1985 un changement de règlement intervient au sein de l’OPEP. Les quotas de production sont depuis basés sur les réserves déclarées. De nombreux pays ont alors sérieusement réévalué leurs réserves pétrolières pour continuer à obtenir beaucoup de devises à court terme, donnant l’illusion que le pétrole est encore très abondant. Mais les réserves « prouvées », « probables » et « possibles » réunies constituent une quantité finie de pétrole, et quelle que soit cette quantité totale, le maximum de production est un jour atteint lorsqu'il est soumis à l'arithmétique de la croissance continue. Passons du côté de la consommation de ce produit non renouvelable. En 1970, la plupart des pays du monde n’utilisaient pratiquement pas de pétrole, les Etats-Unis, l’Europe, le Japon et l’URSS étant les premiers consommateurs. En 2010, il n’y a plus que quelques îles de l’océan Pacifique dont l’économie n’est pas basée sur le pétrole. Cette demande mondiale insatiable est projetée entre 80 et 120 millions de barils par jour en 2030. 98 % des énergies de transport viennent du pétrole. La construction d’une voiture réclame entre 27 et 54 barils. La fabrication d'un ordinateur requiert environ 10 fois son poids en pétrole, et pour une puce électronique, le ratio monte à 630 fois ! Le monde a aussi (et surtout) besoin de pétrole pour se nourrir. La production d'une calorie de nourriture occidentale exige en moyenne 8 calories provenant d'hydrocarbures. C’est ce qu’a permis la « révolution verte », fruit de l’utilisation de variétés de céréales à hauts rendements, d’engrais chimiques, de pesticides, d’herbicides et de fongicides. Car mis à part les céréales, tous les autres intrants de l’agriculture moderne réclament du pétrole pour leur fabrication, comme les engins agricoles qui travaillent la terre. Le pétrole est non renouvelable et extrêmement précieux pour certains usages. La consommation à outrance que nous connaissons n’est absolument pas adaptée. La malédiction liée au pétrole, ressource non renouvelable et extrêmement précieuse, est qu’il est commercialisé sans aucune limite du coté de la production, quitte à le rendre inabordable en quelques décennies. Cela occasionne des conséquences dramatiques pour notre écosphère. Une telle attitude est irresponsable au regard des générations futures, et illustrera probablement de la manière la plus dramatique qui soit l'expression "après moi le déluge…", qui a bien des égards illustre la philosophie de beaucoup de mes contemporains. Marc Zischka |